EN DIRECTLes critiques contre les réseaux sociaux se multiplient après Christchurch

Attentats de Christchurch: Les critiques se multiplient contre les réseaux sociaux après la diffusion de la vidéo

EN DIRECTLa vidéo des 17 minutes de l’attaque a été partagée ou téléchargée des millions de fois sur les réseaux sociaux
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Facebook dit avoir retiré 1,5 million de vidéos du massacre perpétré dans une mosquée de Nouvelle-Zélande, après la diffusion en direct de l'attentat terroriste ayant fait 50 victimes. Pas suffisant, pour ses détracteurs. De plus en plus de voix s’élèvent dans le monde pour critiquer la mauvaise gestion de ce type de contenu vidéo par les plateformes.

Alors que le tueur abattait les victimes à l’intérieur de la mosquée Al-Noor de Christchurch, il émettait en direct sur Facebook Live en utilisant apparemment une caméra attachée sur lui. Facebook affirme avoir retiré 1,5 million de ces vidéos au cours des 24 premières heures, « dont plus de 1,2 million bloquées lors de leur téléchargement », ce qui signifie que 300.000 n’ont pu être supprimées avant d’avoir été téléchargées. On ne sait pas combien de fois celles-ci ont été visionnées.

Les plateformes n’en font pas assez

Malgré les appels à ne pas les partager et les ordres lancés par les autorités, les 17 minutes se sont répandues rapidement sur la Toile et continuaient de pouvoir être retrouvées facilement plusieurs heures après l’attaque.

Les autorités du pays ont fait tout leur possible pour en nettoyer la Toile, a déclaré la Première ministre de Nouvelle-Zélande Jacinda Ardern. « Mais au final, c’est à ces plateformes qu’il appartient de faciliter ces retraits », a-t-elle estimé, faisant allusion aux géants de la « Silicon Valley ». « Il reste des questions nécessitant des réponses. C’est un problème qui va bien au-delà de la Nouvelle-Zélande », a-t-elle ajouté.

« La technologie capable de prévenir cela est disponible »

Selon le journal New Zealand Herald, des grosses compagnies pensaient retirer leurs publicités. Facebook a embauché 20.000 modérateurs mais les critiques estiment qu’ils n’en font pas assez. David Ibsen, directeur exécutif de l’organisation américaine Counter Extremism Project accuse : « La technologie capable de prévenir cela est disponible. Les entreprises de réseaux sociaux ont pris la décision de ne pas l’adopter. »

Des dirigeants, au-delà de la Nouvelle-Zélande, commencent à manifester une volonté de prendre les choses en main. Le Premier ministre australien, Scott Morrison, a estimé que les réseaux sociaux avaient « coopéré » depuis l’attaque des mosquées. « Mais je dois malheureusement dire que l’aptitude réelle à aider du côté de ces entreprises technologiques est très limitée. »

Dans le piège des terroristes

« Prenez un peu vos responsabilités. Trop c’est trop », a lancé le ministre britannique de l’Intérieur Sajid Javid. Les critiques s’en sont également pris à des médias ayant diffusé la vidéo, tels certains tabloïds britanniques. « Pendant un court moment ce matin le site internet du Mirror a diffusé des images filmées par l’assaillant de Christchurch et éditées. Nous n’aurions pas dû le faire. Ce n’est pas conforme à notre politique relative aux vidéos de propagande terroriste », a tweeté son chef de la rédaction.

L’Autorité de la communication et des médias d’Australie a lancé une enquête après la diffusion de ces images par Sky News Australia. Le journaliste britannique Krishnan Guru-Murthy a estimé que l’on n’est « jamais tombé aussi bas dans les pièges à clics ». « Les salles de rédaction, les plateformes et les responsables officiels doivent réfléchir à la manière d’éviter d’entrer dans le jeu de ceux dont les actes meurtriers sont destinés à obtenir le maximum de visibilité et à déclencher de nouveaux cycles de violence et de radicalisation », a commenté l’expert en réseaux sociaux et journaliste de Buzzfeed Craig Silverman.