Toulouse : Pour Lou, des salariés d’Airbus ont fabriqué un bras artificiel grâce à l’impression en 3D
INNOVATION•Lou, petite Tarnaise de 9 ans, est née sans avant-bras. Des salariés d'Airbus lui ont fabriqué une prothèse non médicale sur leur temps libreBéatrice Colin
L'essentiel
- L’association e-Nable met en relation des "makers" fans d’impression 3D et des personnes souffrant de malformation congénitale.
- En début d’année, Lou, née sans avant-bras, a rencontré Denis Tur, un ingénieur d’Airbus engagé dans e-Nable.
- En moins de deux mois, avec d’autres salariés de l’avionneur, Denis Tur a réalisé un avant-bras artificiel personnalisé pour Lou.
«Avec sa nouvelle prothèse, le regard des enfants a changé, il est plus positif », assure Virginie, la maman de Lou. Depuis la semaine dernière, sa fille de 9 ans a un avant-bras artificiel, créé et imprimé en 3D par des salariés bénévoles d'Airbus.
Depuis sa naissance, cette élève de CE2, scolarisée à Lavaur dans le Tarn, souffre d’une malformation congénitale, l’agénésie. « Elle a été appareillée avec une prothèse médicale classique, qui ressemblait à une main en plastique. Mais elle était très lourde », raconte sa maman.
Après avoir vu qu’il existait des solutions nouvelles, plus légères et sur mesure grâce à la 3D, elle s’est mise à chercher sur Internet qui pourrait la réaliser. Jusqu’à tomber sur le site de l'association e-Nable.
Créée en 2015, elle met en relation des familles touchées par l’agénésie et des « makers », prêts à donner de leur temps pour créer des prothèses non médicales. Parmi eux se trouvait Denis Tur, responsable de l’ingénierie de fabrication de l’atelier de peinture d’Airbus.
Faire quelque chose d’utile
Fana d’impression 3D, il cherchait à se rendre utile grâce à son savoir-faire, jusqu’à ce que son petit frère le mette sur la piste du matériel médical. L’an dernier, il a ainsi réalisé deux prothèses pour des enfants de 4 et 11 ans par l’entremise d’e-Nable.
Pour partager sa démarche et faire des émules, il a décidé d’en parler au responsable du ProtoSpace d'Airbus, cet espace qui permet aux employés de l’avionneur de tester leurs idées et réaliser des prototypes.
« Au lieu de leur faire faire des figurines en 3D, nous nous sommes dit que nous allions les associer à l’idée d’e-Nable. Un appel à bénévoles en interne a été lancé et nous avons reçu 80 candidatures. Une équipe de huit personnes de tous horizons a été constituée, certains venants de la production, d’autres des bureaux d’études ou des RH. Chacun a apporté sa petite idée », explique Denis Tur.
Faire connaître aux autres parents
En février, il est allé voir Lou chez elle pour prendre les dimensions. « Elle m’a donné son cahier des charges, les couleurs qu’elle aimait mais on a aussi parlé de son amour pour l’équitation », poursuit le « maker ».
Après « huit à neuf séances lors des pauses entre midi et deux », les créateurs ont mis au point la prothèse, agrémentée des initiales de Lou, entourée d’un fer à cheval. Elle a pu la découvrir la semaine dernière lors d’une visite riche en émotions dans les locaux d’Airbus.
« Depuis qu’elle l’a, elle s’entraîne avec, elle peut saisir des objets, tenir le guidon à deux mains, prendre les rênes aussi. C’est plus simple pour elle, en plus elle est légère et personnalisée », s’enthousiasme Virginie, la mère de Lou, ravie de pouvoir faire parler de ce projet « afin que d’autres parents puissent en connaître l’existence ».