Google accusé de manipuler les utilisateurs pour les «espionner» et les suivre à la trace
PLAINTE•Selon des associations européennes de consommateurs, Google recueille des données et suit les utilisateurs via les paramètres « Historique des positions » et « Activité Web et applications »…20 Minutes avec agences
Google une nouvelle fois dans l’œil du cyclone. Sept organisations européennes de consommateurs ont saisi ce mardi des régulateurs nationaux. Elles reprochent au géant américain de manipuler ses utilisateurs pour « espionner » leurs mouvements en violation des nouvelles règles sur la protection des données (RGPD), a annoncé le Bureau européen des unions de consommateurs (BEUC).
La plainte a été déposée en Norvège, aux Pays-Bas, en Pologne, en Grèce, en République tchèque, en Slovénie et en Suède. Elle s’appuie sur une étude de l’organisation norvégienne de consommateurs qui conclut que Google « utilise un design et des informations trompeurs qui amènent les utilisateurs à accepter d’être constamment suivis ».
Des utilisateurs suivis à la trace
Selon Gro Mette Moen, une responsable de l’organisation norvégienne, « Google traite des données personnelles extrêmement détaillées et exhaustives sans fondement juridique approprié, et les données sont acquises par le biais de techniques de manipulation ». Il lui est reproché de suivre ses utilisateurs à la trace via les paramètres « Historique des positions » et « Activité Web et applications » intégrés dans tous les comptes Google.
« Les données de localisation peuvent révéler beaucoup de choses sur une personne : ses mouvements en temps réel, les endroits qu’elle fréquente régulièrement, ses routines quotidiennes, ses intérêts, etc. », note l’organisation norvégienne dans sa plainte. « Le suivi constant de la localisation et l’agrégation des données de localisation dans la durée peuvent être utilisés pour dresser des portraits très détaillés des individus et en déduire leurs croyances religieuses, leurs inclinations politiques et leur orientation sexuelle entre autres choses », souligne-t-elle.
Une amende « dissuasive » ?
Selon l’étude norvégienne, ce suivi permanent est particulièrement difficile à éviter avec le système d’exploitation Android qui, d’après le site Statcounter, équipe près de 70 % des mobiles en Europe. « La soif de données de Google est bien connue, mais l’ampleur avec laquelle il induit les utilisateurs en erreur pour les suivre et gagner de l’argent est effrayante », a estimé la directrice du BEUC, Monique Goyens.
L’organisation norvégienne réclame, elle, l’ouverture d’une enquête, une injonction pour que Google cesse ses pratiques « illégales » et une amende « dissuasive ».
« Améliorer votre expérience Google »
De son côté, Google a réagi en disant « travailler constamment pour améliorer (ses) contrôles ». « L’historique des positions est désactivé par défaut et vous pouvez le modifier, l’effacer ou le mettre en pause à tout moment », a répondu le groupe californien.
« Si vous le mettez en pause, nous indiquons clairement (…) que nous pourrions toujours collecter et utiliser les données de localisation pour améliorer votre expérience Google », a-t-il ajouté.