DECRYPTAGEDonner gratuitement en un clic, la révolution du don sur le Web?

Faire un don gratuitement en un clic sur Internet, une nouvelle façon de donner?

DECRYPTAGEDe plus en plus de sites permettent aux internautes de faire des dons d’argent à diverses associations, sans mettre la main au porte-monnaie, mais en donnant quelques minutes de leur temps…
Marie De Fournas

Marie De Fournas

Donner de l’argent, mais pas le vôtre. A première vue, le système pourrait paraître louche et, pourtant, plusieurs sociétés ont élaboré des systèmes pour permettre aux internautes de faire des dons, sans dépenser un euro, grâce à la publicité en ligne.

C’est le cas de Goodeed, l’un des précurseurs sur le marché. Le principe est simple : la plateforme met en avant différents projets d’associations sur lesquels il est possible de cliquer pour donner. Une page apparaît alors avec une vidéo publicitaire qu’il faut regarder 20 secondes minimum. Ensuite… Eh bien c’est bon. Le don est tout simplement validé car c’est en fait l’annonceur qui le finance. Lorsque la vidéo a atteint le nombre de visionnages attendu par le publicitaire, ce dernier paye Goodeed, qui reverse 60 % de la somme à l’association.

Selon les sites, les procédés peuvent différer. Sur Animal Webaction, spécialisé dans les associations pour animaux, pas de vidéos, mais des bannières publicitaires, comme sur la plupart des sites Internet. Les internautes peuvent cliquer sur différentes catégories de dons (croquettes, couvertures, niches…) et sont alors redirigés vers une page sur laquelle des publicités apparaissent. Là encore, ce sont les annonceurs qui financent les dons.

Le nombre fait la force

Evidemment ces systèmes ont leurs contraintes, car le publicitaire doit y trouver son compte. Les internautes sont notamment limités en nombre de clics par jour, ce qui permet aux marques d’être sûres que leur pub n’est pas vue des centaines de fois par une seule personne, mais quelques fois par des milliers de personnes. Un clic prend alors plus de valeur, même si individuellement celui-ci ne rapporte pas beaucoup d’argent.

C’est également la capacité du site à rassembler une large communauté de donneurs réguliers qui va permettre de financer des projets. Goodeed compte par exemple 268.000 membres et met en avant sur son site environ cinq projets. Animal Webaction propose uniquement des cagnottes avec une durée limitée. « Cela permet de concentrer les clics, de ne pas s’éparpiller et d’envoyer rapidement le don à l’association », explique à 20 Minutes Alexandre Boulling, le directeur du site.

Solution miracle ?

Le don gratuit en un clic est-il la solution miracle qui va remplacer le don traditionnel ? Quand même pas. Nolwenn Poupon, responsable Communication et Etudes à France générosités, explique à 20 Minutes que le prélèvement automatique ( 44 % des dons en France en 2016) ne doit et ne peut pas disparaître car « il permet par exemple aux associations de faire une estimation à plus long terme de ce qu’elles vont toucher ». De plus, contrairement aux « dons-clics », le don d’argent est déductible des impôts et « la déduction fiscale a un impact réel sur le montant des dons : elle incite à donner plus ».

Pour les différents acteurs du secteur, ce don-clic serait en fait « complémentaire » aux autres. « Ce système touche beaucoup les jeunes : 80 % de nos utilisateurs ont entre 18 et 35 ans, analyse auprès de 20 Minutes, Vincent Touboul Flachaire, fondateur de Goodeed. C’est une cible que les associations ont parfois du mal à atteindre, soit parce qu’ils ne voient pas vraiment où leur argent va, soit parce qu’ils n’ont pas les fonds nécessaires ». En effet, comme le rapporte le baromètre de France générosités, les donateurs traditionnels en France sont âgés, voir très âgés : 52 % ont plus de 50 ans et seulement 22 % ont entre 15 et 34 ans.

Le don par tous et pour tous

Cette forme de don permet à toutes les personnes n’ayant pas les moyens de donner leur argent de participer en donnant de leur temps, « un peu comme les personnes faisant du bénévolat », compare Nolwenn Poupon. D’ailleurs, pour le fondateur de Goodeed, un don de temps peut, au même titre qu’un don d’argent, s’inscrire dans une véritable démarche et demander une véritable implication personnelle : « Florent, un de nos membres, vient absolument tous les jours sur notre site depuis un an, pour faire ses clics quotidiens ».

Alexandre Boulling souligne également que le système bénéficie en grande partie aux petites associations. « Comme elles ne sont pas forcément très connues, elles ont du mal à obtenir des dons financés. Les gens sont parfois méfiants de la manière dont va être utilisé l’argent ou ne sont tout simplement pas au courant des cagnottes lancées par ces associations. Les cagnottes que nous lançons pour leurs animaux, sont bien souvent leurs seules sources d’aide. »

D’autres façons de donner gratuitement

Donner de son temps sur Internet n’est pas le seul moyen de faire un don sans dépenser son argent : changer ses habitudes, le permet aussi. Le site 1clic1don propose aux internautes de réaliser des achats solidaires. Le site regroupe une liste de 1.300 commerçants qui, si vous faites vos courses en ligne chez eux, s’engagent à reverser à l’association de votre choix, un pourcentage du montant de vos dépenses. Ce pourcentage varie selon les marques, mais s’élève en moyenne à 5 %. « Le consommateur ne paye pas ses achats plus cher. Son engagement consiste simplement à passer par le site 1clic1don pour faire ses courses en ligne », explique à 20 Minutes son dirigeant Pascal Paulet.

Dans un autre genre, le moteur de recherche Ecosia ​plante des arbres dans le monde lorsque vous passez par lui pour effectuer vos recherches Internet.