Scandale Facebook: Les demi-vérités de Mark Zuckerberg face au Congrès américain
WEB•Le patron de Facebook a beaucoup joué sur les mots pour apaiser les craintes sur le contrôle des données...Philippe Berry
Il a témoigné pendant plus de 10 heures sur deux jours, répondant à plusieurs dizaines d’élus, poli et patient. Parfois crispé, Mark Zuckerberg n’a jamais véritablement été mis en difficulté, malgré les menaces de certains sénateurs fâchés tout rouges par le scandale Cambridge Analytica. Habile, le patron de Facebook a évité les questions les plus problématiques sur la protection des données, la publicité et le tracking des internautes par des « Je ne suis pas sûr, quelqu’un de mon équipe reviendra vers vous ». Surtout, il a joué sur les mots avec des demi-vérités – ou des demi-mensonges, diront les cyniques.
« Toutes vos informations sont incluses » via l’option « télécharger mes données »
La question était pourtant très claire : « Y a-t-il une option pour télécharger toutes les informations que Facebook a sur moi, y compris les sites que j’ai visités ? » « Oui, vous pouvez télécharger tous les contenus que vous avez sur Facebook », répond Zuckerberg. Le parlementaire insiste, rappelant que l’historique de navigation ne fait pas partie de l’archive. « De ce que je comprends, toutes vos informations sont incluses », esquive encore le jeune milliardaire.
Il parle ici des photos, posts, messages partagés par l’utilisateur. Mais ce n’est que la partie émergée des informations que possède l’entreprise sur un individu. Comme Google, Facebook suit à la trace tous les internautes aux quatre coins du Web, sur le réseau et en dehors, – qu’ils aient un compte ou pas, ce que l’Union européenne essaie de combattre – via les boutons Like, Share et Facebook Connect, les cookies et les « pixels espions » de son réseau publicitaire. Toutes ces métadonnées, Facebook les garde jalousement.
« Les utilisateurs ont la possibilité d’effacer toutes leurs données »
Là encore Mark Zuckerberg utilise une définition très restrictive des « données ». Quand une personne ferme son compte, Facebook efface le profil et tout ce qui avait été publié. Les messages privés envoyés restent cependant visibles dans la boîte des destinataires – souvent, avec le nom de la personne remplacé par « utilisateur Facebook ». Et toutes métadonnées que Facebook possédait sur vous sont, semble-t-il, conservées.
aMark Zuckerberg n’a jamais entendu parler des « shadow profiles »
« Vous avez des profils détaillés de personnes qui n’ont jamais ouvert de compte Facebook, oui ou non ? », demande un élu affûté. « Congressman, nous collectons des données de personnes qui n’ont pas de comptes pour des raisons de sécurité », assure Mark Zuckerberg. Le représentant insiste sur ces « shadow profiles » (« profils de l’ombre »), toutes les données accumulées par l’entreprise sur une personne qui ne possède pas de compte Facebook (une adresse email ou un numéro de téléphone partagé par un ami qui a donné accès à ses contacts à Facebook, une adresse IP sur un site contenant un tracker d’une publicité Facebook etc). Mark Zuckerberg hésite : « Je ne suis pas familier avec ça », semblant faire référence à l’expression « shadow profiles ». Le doute est permis.