VIDEO. Retour sur quatorze ans de polémiques Facebook et d'excuses de la part de Mark Zuckerberg
WEB•Alors que le dirigeant doit s’expliquer devant le Congrès américain, mardi et mercredi, son entreprise est coutumière des dérapages…Philippe Berry
«C’était mon erreur et je suis désolé. » C’est ce que va dire Mark Zuckerberg devant les élus américains, mardi et mercredi, selon le texte de sa déclaration publié lundi. Avec cet acte de contrition forcé par les scandales de Cambridge Analytica et de l’ingérence russe dans la présidentielle américaine, le patron de Facebook espère calmer le Congrès afin d’éviter une amende et surtout de nouvelles lois encadrant les pratiques publicitaires des géants du Web.
Mais alors que le réseau a franchi la ligne jaune à de nombreuses reprises en 14 ans d’existence – et se trouve depuis 2011 sous la surveillance du gendarme américain du commerce – rien ne dit d’un qu’un simple « sorry » suffira.
2004: « Ils me font confiance, quelle bande de cons ! »
Alors qu’il avait été embauché comme codeur par les jumeaux Winklevoss pour développer l’annuaire HarvardConnection, Mark Zuckerberg leur coupe l’herbe sous le pied et lance le réseau social TheFacebook. L’affaire se réglera à l’amiable avec l’attribution de 1,2 million d’actions Facebook valorisées à plus de 300 millions de dollars lors de l’entrée en Bourse de l’entreprise. Mais c’est surtout la publication de conversations avec un ami, tout juste après le lancement de Facebook, qui endommagea la réputation du jeune dirigeant. Mark Zuckerberg se vante d’avoir obtenu 4.000 emails, photos et adresses d’utilisateurs de Facebook d’Harvard, écrivant : « Les gens les ont juste soumis. Je ne sais pas pourquoi. Ils me ''font confiance''. Quelle bande de cons. » Il s’excusera en 2010, face à la journaliste Kara Swisher : « Quand j’avais 19 ans, j’ai fait des trucs stupides. C’est embarrassant, et je suis vraiment désolé. »
2007-2009 : Beacon, le programme publicitaire qui collectait trop de données
Facebook lance sa plateforme publicitaire Beacon, qui permet au réseau de collecter des données sur les achats effectués sur des sites partenaires. Comme à sa mauvaise habitude, Facebook enrôle de forces tous utilisateurs (« opt in »). Face à la polémique, le réseau offre ensuite la possibilité de refuser de participer (« opt out ») mais continue quand même de collecter des données. En 2009, l’entreprise ferme Beacon et paie 9,5 millions de dollars pour mettre fin à une class action.
2009: Facebook change ses conditions d’utilisation en douce
Sans rien dire à personne, le réseau retire un paragraphe de sa charte qui stipulait que tous les droits cédés à Facebook expiraient lorsqu’un membre supprime son profil ou une publication. Accusée de clamer une licence à vie sur les contenus publiés par ses utilisateurs, l’entreprise fait marche arrière et organise une grande consultation pour rédiger une nouvelle charte compréhensible par le commun des mortels.
2010: La personnalisation instantanée imposée à tout le monde
Alors qu’il franchit la barre des 500 millions d’utilisateurs, Facebook impose à tout le monde une « personnalisation instantanée ». Grâce à des plugins et à la fonction « Connect », qui permet de s’identifier via Facebook sur le Web, un site partenaire peut collecter des données afin de personnaliser l’expérience. Aux premiers jours du service, il faut cliquer à travers une demi-douzaine de menus pour désactiver la fonction. Suant à grosses gouttes lors de la conférence All Things Digital, Mark Zuckerberg promet que « les inquiétudes des utilisateurs sur la vie privée et les partenaires » s’estomperont avec le temps.
2011: Facebook placé sous surveillance pour les 20 prochaines années
Pour l’ensemble de son œuvre, Facebook se fait taper sur les doigts par le gendarme américain du commerce. La FTC place l’entreprise sous surveillance pour les 20 prochaines années. Dans un billet publié sur le blog de Facebook – qui a depuis disparu – Mark Zuckerberg reconnaît avoir fait « un paquet d’erreurs ».
2017: Mark Zuckerberg minimise le rôle de Facebook dans le phénomène des fake news
Alors que Facebook est accusé d’avoir fermé les yeux sur les « fake news » ultra-virale disséminées par des bots russes, Mark Zuckerberg qualifie « d’assez folle » l’idée que le réseau ait eu un impact sur l’élection américaine. Face au tollé, il s’excuse rapidement : « J’ai pris ça de haut, je le regrette, c’est un problème sérieux. » Selon les estimations de Facebook, 126 millions d’Américains ont vu des contenus générés par des comptes russes.
2014-2018 : Cambridge Analytica, 87 millions de personnes touchées
En 2014, 270.000 personnes répondent à un test de personnalité du chercheur Alexander Kogan, qui affirme effectuer une étude universitaire. Parce que Facebook laissait à cette époque les développeurs collecter les données « des amis des amis », Kogan obtient les informations de 87 millions de personnes, selon les derniers chiffres fournis par Facebook. Le problème, c’est qu’il avait en fait été mandaté par Cambridge Analytica, qui lui a acheté les données –ce qui est interdit par la charte du réseau– et que la firme britannique a ensuite travaillé sur la campagne de Donald Trump. Dans un long post, Mark Zuckerberg fait son mea culpa : « Nous avons la responsabilité de protéger vos données. Si nous n’en sommes pas capables, nous ne méritons pas de vous avoir comme utilisateurs. » Amen.
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