VIE PRIVEEL'appli de rencontres Grindr a partagé le statut VIH de ses utilisateurs

Données privées: Grindr a partagé le statut VIH de ses utilisateurs avec d'autres entreprises, AIDES appelle au boycott

VIE PRIVEEGrindr a répondu que les usagers peuvent choisir ou non d’indiquer sur leur profil leur statut VIH et que c’est donc à eux d’être vigilants...
M.C. avec AFP

M.C. avec AFP

Les fuites de sécurité de Grindr sont encore plus graves que prévu. La célèbre application de rencontres homosexuelles, critiquée pour avoir laissé des entreprises tierces accéder à des données privées de ses utilisateurs, aurait notamment partagé le statut VIH de ceux-ci.

« En tant qu’entreprise au service de la communauté LGBTQ [lesbiennes, gay, bi, trans et queer], nous comprenons à quel point la révélation d’un statut VIH peut être un sujet sensible », a écrit Scott Chen, un des responsables du site, dans un texte diffusé sur la plateforme Tumblr, reconnaissant que cela pouvait susciter des « inquiétudes ».

« Notre but a toujours été de promouvoir la santé et la sécurité de nos utilisateurs », poursuit-il, confirmant que Grindr « travaille » avec des entreprises comme Apptimize ou Localytics, chargées de tester l’application et qui à ce titre, reçoivent des données de Grindr. Celles-ci sont « soumises à des clauses contractuelles strictes » de confidentialité, assure encore Scott Chen, soulignant que les usagers peuvent choisir ou non d’indiquer sur leur profil leur statut VIH et que c’est donc à eux d’être vigilants.

« Vous avez trahi la communauté LGBT »

Tout en affirmant limiter les données partagées au strict nécessaire, Grindr reconnaît que « parfois, ces données peuvent inclure des infos relatives à la localisation et au statut VIH car ce sont des informations qui sont dans (l’application) ». Selon un chercheur du cabinet norvégien SINTEF, dont le travail a été rapporté lundi par le site d’informations BuzzFeed, toutes ces données rendent les personnes identifiables.

« Grindr n’a jamais vendu et ne vendra jamais d’informations personnelles identifiables - en particulier les données relatives au statut VIH ou à la dernière date de test - à des tierces parties ou à des annonceurs », se défend Scott Chen.

« La confidentialité, ce n’est pas juste les numéros de cartes de crédit et les mots de passe. Partager des informations sensibles comme celles-ci peuvent mettre les Américains LGBT en danger », a réagi sur Twitter le sénateur américain Ed Markey.

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AIDES appelle au boycott de Grindr

L’association de défense des droits numériques Electric Frontier Foundation a jugé « décevante » la réponse de Grindr. « Vous avez trahi la communauté LGBT », a commenté un internaute sous le texte de Grindr.

De son côté, l’association française de lutte contre le VIH et les hépatites virales AIDES a appelé « au boycott total de Grindr », et invite les utilisateurs actuels à changer d’application. « Après tout, il en existe d’autres, sous réserve que celles-ci se montrent plus responsables et respectueuses de la vie privée de leurs utilisateurs », a déclaré l’association dans un communiqué.

Fondé en 2009, Grindr, gratuit, qui se qualifie de « plus grand réseau mondial de rencontres pour hommes gays », a été le premier à utiliser la technologie de la géolocalisation sur smartphone. Le groupe américain revendique 3,6 millions d’usagers actifs quotidiens.