INNOVATIONMacron veut faire de la France un leader de l'intelligence artificielle

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INNOVATIONLe président français, qui a annoncé une enveloppe d'1,5 milliard d'euros d'ici la fin de son quinquennat, ne veut «pas rater le train»...
Philippe Berry

P.B. avec AFP

«Il ne faut ni avoir peur ni être naïf. » Pour que la France « ne rate pas le train de l’intelligence artificielle » (IA), Emmanuel Macron a présenté jeudi un plan ambitieux pour lequel l’Etat consacrera 1,5 milliard d’euros d’ici la fin du quinquennat avec la volonté d’attirer et de retenir les meilleurs chercheurs. Mais si le président français souhaite « que la France soit l’un des leaders de l’intelligence artificielle », il a également appelé dans son discours au Collège de France à mettre en place des garde-fous éthiques.

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De gros moyens

L’Etat va consacrer 1,5 milliard d’euros de crédits publics sur l’ensemble du quinquennat pour développer « l’écosystème de l’IA », a annoncé le président français. Avec l’espoir que cet engagement dope l’investissement privé. Une partie des mesures annoncées s’inspire du rapport sur l’IA remis jeudi par le mathématicien Cédric Villani, également député LREM, qui a piloté plus de 300 auditions auprès d’experts du monde entier depuis septembre.

Avec ses moyens, la France reste très en deçà des sommes colossales qui y sont consacrées par les géants américains ou par l’Etat chinois, qui a annoncé en 2017 un plan d’investissement public de 22 milliards de dollars d’ici 2020.

Des instituts dédiés

« Nous avons des atouts pour réussir dans l’intelligence artificielle » car « nous avons des talents » grâce à « l’excellence de la formation en mathématiques et informatique », a souligné Emmanuel Macron. Il a ainsi annoncé la mise en place d’un réseau emblématique d’instituts dédiés – notamment à Paris, Saclay, Toulouse, Grenoble – la création d’un programme de chaires individuelles afin d’attirer les meilleurs chercheurs mondiaux ou encore le doublement du nombre d’étudiants en IA.

Parmi les pistes envisagées figure la création d’une agence publique sur le modèle de la DARPA américaine, qui fut à l’origine d’Internet.

Des annonces en pagaille

Confirmant l’attractivité de la France, plusieurs géants internationaux ont annoncé cette semaine l’implantation en France de centres de recherche en intelligence artificielle. L’annonce la plus importante est venue du géant américain IBM, qui a annoncé qu’il recruterait 400 spécialistes de l’intelligence artificielle en France en deux ans, dont une partie s’installeront sur le pôle scientifique de Paris-Saclay. Le Coréen Samsung va installer à Paris son troisième plus grand centre de recherche, fort à terme de plus de cent chercheurs, et le japonais Fujitsu va également y installer un centre de dimension européenne. DeepMind, société créatrice d’AlphaGo, va aussi installer des chercheurs à Paris tandis que Google va parrainer une chaire IA à Polytechnique.

Ouvrir la route aux voitures autonomes

Par ailleurs, Emmanuel Macron a annoncé que la France se doterait dès 2019 du cadre législatif qui permettra d’expérimenter sur les routes les véhicules autonomes de niveau 4 (autonomie quasi-totale). Les grands constructeurs français, Renault et PSA, travaillent d’arrache-pied à cette technologie, de même que l’équipementier Valeo. Après un accident mortel impliquant un véhicule d’Uber, l’industrie va toutefois devoir mettre les bouchées doubles pour rassurer sur la sécurité de la technologie.

Diversité et garde-fous

Dans son discours, Emmanuel Macron a insisté sur la nécessité d’un débat public à l’échelle nationale mais aussi mondiale sur les enjeux éthiques et démocratiques de l’IA. « Il est essentiel » que soient garanties « la transparence et la légalité des algorithmes », a-t-il ajouté, en indiquant son souhait que celui de la plateforme d’orientation universitaire Parcoursup soit publié. Le président français a appelé à réfléchir sur les conséquences de l’intelligence artificielle sur la société, notamment sur l’économie et l’emploi. Enfin, il a lancé un message d’avertissement : face au risque que la machine reproduise nos biais (racisme, discrimination), « il ne faut pas que les acteurs de l’IA soient tous des mâles blancs quadragénaires formés dans les universités européennes ou américaines ».

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