AGRICULTURERobots, IA... A quoi va ressembler l'agriculture du futur?

Salon de l'agriculture 2018: Robots, intelligence artificielle... A quoi va ressembler l'agriculture du futur?

AGRICULTUREDe nombreuses innovations en lien avec l’intelligence artificielle font progressivement leur apparition dans les champs de l’Hexagone…
François Launay

François Launay

L'essentiel

  • Dans les Hauts-de-France, plusieurs start-up travaillent sur l’agriculture de demain.
  • Les robots vont être de plus en présents mais l’agriculteur ne sera pas remplacé par la technologie.
  • L’agriculture sera de plus en plus précise grâce à l’utilisation accrue de données via de nombreux objets connectés.

Plus grande région agricole de France, les Hauts-de-France veulent se placer à la pointe de la recherche technologique dans le secteur. Début février, AgTech – premier incubateur de start-up spécialisé dans l’agriculture – a été inauguré à Willems, une commune rurale située à quelques kilomètres de Lille.

Des stations agro-météo connectées

D’ici le mois de mai, une petite dizaine d’entreprises triées sur le volet viendront s’y établir pour développer leurs projets. Mais pas besoin d’attendre d’ici là car des start-up, créées il y a peu dans la région, commencent déjà à préfigurer l’agriculture de demain.

La station agro-météo développée par Sencrop
La station agro-météo développée par Sencrop - Sencrop

Exemple avec Sencrop, créée en 2016, qui a développé des stations agro-météo connectées dans les champs. Martin Ducroquet, co-fondateur de la société qui, en l’espace de dix-huit mois, a déjà conquis 1.500 agriculteurs, détaille son innovation.

« C’est ce qu’on appelle l’agriculture de précision. L’agriculteur positionne la station dans son champ et tous les quarts d’heures, via un signal qu’il reçoit sur son téléphone ou son PC, des informations lui remontent sur le niveau de pluviométrie, d’hygrométrie [humidité de l’air], de vitesse du vent, de température de l’air. Tout ça lui permet de choisir la parcelle où il peut semer. Surtout, grâce à ces données envoyées dans un logiciel, on va pouvoir prévenir les risques de maladies agricoles comme le mildiou ou les risques météo comme le gel. »

Lutter contre le gaspillage grâce aux données

En prévenant d’éventuelles maladies en analysant différentes données, les agriculteurs pourront agir en amont et éviter plus facilement des catastrophes comme celle qui est arrivée dans les vignes françaises à cause du gel au printemps 2017.

Voilà à quoi ressemblent les données récoltées par le capteur
Voilà à quoi ressemblent les données récoltées par le capteur - Sencorp

Autre but affiché de cette agriculture de précision qui se développe grâce aux données : éviter le gaspillage que ce soit en termes d’essence ou de produits chimiques. C’est ce qui a motivé la jeune société Samsys créée par trois amis.

Créée l’an dernier, la start-up a mis au point en quelques mois un petit boîtier connecté et aimanté qu’on peut installer sur tous les types d’engins agricoles. Olivier Guille, l’un des co-fondateurs de l’entreprise, détaille sa trouvaille :

« Grâce à ça, on connaît exactement le nombre d’hectares travaillés culture par culture. On peut aussi mesurer la consommation en gasoil qui est un élément très important en termes de charge dans les exploitations agricoles. On peut aussi mesurer les quantités répandues lors d’épandages dans les champs. On récupère ensuite les données sur un site Web et ça peut inciter les gens à moins consommer et donc à faire des économies. »

Le boitier Samsys se fixe sur les engins agricoles
Le boitier Samsys se fixe sur les engins agricoles - Samsys

Un robot 100 % électrique qui désherbe les vignes tout seul comme un grand

Autre évolution technologique qui fait progressivement son apparition : le travail de robots dans les champs. Si des drones ou même des tracteurs 100 % automatisés sont déjà utilisés, un cap va bientôt être franchi. Basée à Reims, la société Vitibot va sortir cette année sur le marché le robot Bakus.

Bakus, le robot désherbant
Bakus, le robot désherbant - Vitibot

Entièrement électrique et commandé à distance par téléphone ou ordinateur, ce gros engin, qui coûtera entre 120.000 et 140.000 euros, va pouvoir désherber les vignes en les enjambant sans aucun soutien humain. Cédric Bache, fondateur de l’entreprise, explique ses intentions :

« Ce robot, qu’on dépose au début d’une parcelle, va pouvoir faire tous les rangs un par un, pendant dix heures d’autonomie et sans produit chimique. Et on est train de développer son grand frère qui sera polyvalent et pourra faire de la pulvérisation confinée, ce qui évitera d’exposer des opérateurs aux produits chimiques. Si on veut mettre moins de produits demain, il faudra revenir à des méthodes de travail plus chronophages et on n’y arrivera pas sans robots. »

Agriculture de précision grâce aux données, défense de l’environnement avec moins de produits chimiques, utilisation des robots pour faciliter le travail, l’agriculture de demain commence peu à peu à prendre forme dans les champs de l’Hexagone. Le travail va évoluer mais tous les innovateurs l’affirment : l’agriculteur ne sera jamais remplacé par un robot. « Il sera toujours au centre de son exploitation mais son rôle va changer. Il sera moins sur son tracteur mais il va gagner du temps et sera plus efficace », conclut Olivier Guille.