VIDEO. Une Tesla s'encastre dans un camion de pompier à l'arrêt, une enquête ouverte
AUTOMOBILE•Le conducteur, qui n'a pas été blessé, affirme qu'il utilisait le mode Autopilot...Philippe Berry
Tesla s'éviterait sans doute bien des ennuis s'il changeait le nom de son programme «Autopilot». «Le système Pilotage automatique est conçu pour être utilisé par un conducteur attentif aux conditions de circulation», rappelle un porte-parole de l'entreprise, alors qu'une enquête a été ouverte aux Etats-Unis après une collision entre un Model S et un camion de pompier à Los Angeles, lundi. En clair, c'est un système d'assistance à la conduite et pas un programme autonome, comme son nom semble le suggérer.
«Alors qu'il intervenait sur un accident sur l'autoroute, le camion 42 a été percuté par une Tesla circulant à 65 mph (105 km/h). Le conducteur indique que le véhicule était en Autopilot. Miraculeusement, il n'y a pas eu de blessé. Soyez vigilant en conduisant, merci!», ont tweeté les pompiers de Culver City.
Seconde enquête contre Tesla
L'enquête a été ouverte par le Conseil national de la sécurité des transports (NTSB), une agence indépendante du gouvernement américain. Cette dernière publie des recommandations qu'elle transmet au régulateur de la sécurité routière (la NHTSA). A ce stade, on ne sait pas si l'Autopilot était activé comme l'affirme le conducteur.
C'est la seconde enquête ouverte aux Etats-Unis par le NTSB sur un accident impliquant un véhicule de Tesla. La précédente, en 2016, portait sur un crash mortel, lors duquel une voiture était passée sous la remorque d'un camion, que les capteurs n'avaient pas détecté. Le rapport définitif avait mis en cause le chauffeur du camion, qui n'a pas respecté la priorité, et l'inattention du conducteur de la voiture, qui s'est «trop reposé sur l'automation du véhicule». Le NTSB avait cependant adressé un carton jaune à Tesla, soulignant que le système «n'a pas été conçu ou n'est pas capable d’identifier un semi-remorque» traversant la route. Tesla a par ailleurs suivi les recommandations de l'agence, et avertit désormais plus rapidement un conducteur quand ses mains ne sont plus sur le volant.
Problème avec les véhicules à l'arrêt
Lors de la collision de lundi, la camion de pompier était à l'arrêt sur la voie de gauche de l'autoroute. Comment le programme –s'il était bien activé– a-t-il pu rater un tel obstacle? Wired spécule sur un début d'explication, trouvé dans le manuel officiel du Model S: «Avertissement : Il est possible que le régulateur de vitesse adaptatif ne détecte pas tous les objets et qu’il ne puisse pas freiner ou décélérer si l’autre véhicule est à l’arrêt, en particulier si vous conduisez à plus de 80 km/h, si le véhicule que vous suivez se déporte de votre voie et qu'un véhicule à l’arrêt ou des objets se retrouvent devant vous».
Ce n'est pas un cas unique. Volvo, avec son système Pilot Assist, publie un avertissement similaire. Idem pour Renault, qui prévient que «les obstacles fixes peuvent ne pas être pris en compte» par le régulateur de vitesse adaptatif. C'est parce qu'un tel système doit ignorer de nombreux objets immobiles afin d'éviter de freiner pour rien –ce qui pourrait être dangereux. Et les radars et les caméras positionnés à l'avant d'un véhicule de Tesla ne semblent pas être capables de faire la différence entre un camion de pompier et un panneau de signalisation.
Les systèmes 100% autonomes, comme ceux développés par Waymo (Google) ou Uber, utilisent en plus un lidar (télédétection par laser), ce gros gyrophare qui permet de modéliser l’environnement à 360° avec une précision élevée. Cela sert aux algorithmes de vision machine pour différencier des objets. Le problème, c'est que de tels capteurs coûtent chers et qu'ils fonctionnent mal dans certaines conditions extrêmes (pluie, neige, brouillard). Bref, dans cette période de transition, on le répète: il faut garder les mains sur le volant, les yeux sur la route et le pied prêt à freiner. Question de survie.