VIDEO. Bordeaux: Comment l'entreprise Immersion est devenue un fleuron de la réalité virtuelle
NUMERIQUE•Cette PME bordelaise a misé dès 1994 sur la 3D et la réalité virtuelle. Elle collabore désormais avec les grands noms de l’industrie, comme Renault, Alstom et Airbus…Mickaël Bosredon
L'essentiel
- L’entreprise propose des solutions 3D ou de réalité virtuelle et augmentée aux grands industriels pour leurs maquettes.
- Elle développe également ses propres produits, comme la table connectée Shariiing.
- Après l’industrie manufacturière, c’est au tour du secteur de la construction de s’intéresser à ces innovations.
Airbus, Alstom, Renault… L'entreprise bordelaise Immersion travaille sur la maquette numérique avec les grands noms de l’industrie aéronautique, ferroviaire et automobile depuis… 1994. La PME a en effet été précurseur dans les domaines de la 3D, de la réalité virtuelle et réalité augmentée pour le monde industriel et la recherche. Et se positionne aujourd’hui comme le leader européen dans ce secteur.
« Notre vision il y a 23 ans, a été que la 3D pouvait être un formidable outil pour mieux faire se comprendre des différents métiers autour d’un projet, et un facilitateur pour la prise de décision », explique Christophe Chartier, président et fondateur d’Immersion, qui a accueilli 20 Minutes dans ses locaux. L’entreprise a ainsi été l’une des premières à utiliser un casque de réalité virtuelle, il y a 23 ans, pour la conception de… l’A380 d’Airbus. « Un casque dont la valeur à l’époque tournait autour de 320.000 euros ! Aujourd’hui le même casque ne vaut plus que 3.000 euros. »
« Le casque de réalité virtuelle est un formidable outil, mais il coupe l’utilisateur de son environnement »
Attaché à son autonomie, Immersion a très tôt misé sur l’innovation, et développe dans ses locaux ses propres outils. « Nous détenons 13 brevets, et nous avons notre propre ingénieur pour coécrire ces brevets. » Le casque de réalité virtuelle n’est cependant pas le fer de lance d’Immersion, même si l’entreprise a été certifiée par Microsoft pour le développement d'applications du casque HoloLens.
« Le casque est un formidable outil, il présente toutefois l’inconvénient de couper l’utilisateur de l’environnement, réel, qui l’entoure, et ne peut pas être utilisé pour toutes les situations. C’est pourquoi nos clients ont plutôt adopté des systèmes de visualisation sur des écrans géants dynamiques et stéréoscopiques, dans des salles immersives, qui permettent d’appréhender une maquette à échelle réelle. »
L’entreprise mise beaucoup sur sa table tactile Shariiing
C’est ainsi que l’on peut littéralement se balader dans une rame d’un tramway d’Alstom ou tourner autour d’un nouveau modèle de Renault. On y change comme on le souhaite la couleur des sièges ou des portières. « Les acheteurs du Falcon sont par exemple reçus dans une grande salle et customisent comme ils le souhaitent l’intérieur de l’appareil via la maquette projetée sur l’écran. A la fin de la séance, on peut lancer la fabrication de l’avion ! De son côté, Airbus est un gros consommateur de cette technologie. »
Parmi les produits « made in Immersion » l’entreprise mise beaucoup sur sa table tactile connectée Shariiing, lancée en 2016. « L’enjeu de Shariiing est de pouvoir partager la maquette 3D en différents lieux, et ainsi de connecter l’ensemble des personnes au moment où ils le souhaitent. »
Une maquette numérique des 35 hectares de la ZAC Bastide-Niel à Bordeaux
Après l’industrie manufacturière, c’est au tour du domaine de la formation de se mettre à la réalité virtuelle. « Chez Aerocampus, cela permet à des jeunes de s’entraîner sur des avions, et chez Sunna Design à Blanquefort – fabrication de lampadaires solaires connectés – cela a permis de réduire de 80 % le temps de formation. »
Le marché de la construction est également un nouvel acteur. « C’est un marché immense. Notre premier projet remonte à 2009, mais c’est vraiment maintenant que cela explose. En ce moment, nous sommes sur un projet unique en France de cartographie de la ZAC Bastide-Niel, avec BMA (Bordeaux Métropole Aménagement). »
« L’enjeu est de pouvoir donner sur une maquette numérique toutes les informations sur chaque immeuble de ce vaste périmètre de 35 hectares, et au fur et à mesure qu’ils seront construits, nous réactualiserons. Pour le grand public cela permet d’obtenir toutes les informations sur la localisation des services [écoles, crèches…] avant de choisir son bien, pour les services techniques cela donnera des informations sur les voiries, pour les promoteurs cela permettra de se projeter dans les constructions… » Cette maquette sera visible à la maison du projet de la ZAC, à partir de la fin de l’année 2018.
« Trouver des relais de croissance à l’international »
Une année qui devrait être marquée par la volonté d’Immersion de se développer à l’export. « Nous y sommes déjà présents, mais surtout au travers de nos clients, comme Renault. Mais avec nos produits nous nous rendons compte que nous avons une certaine avance, et cela aurait du sens de trouver des relais de croissance à l’international. »
L’entreprise, qui emploie désormais 48 personnes, attend également de sceller de nouveaux projets, cette fois-ci dans le domaine de la recherche et du médical.