Oculus Santa Cruz: On a testé la réalité virtuelle autonome, et c'est presque la matrice
TECHNOLOGIE•Le prototype de casque tout-en-un de Facebook sera disponible en 2018 pour les développeurs...Philippe Berry
De notre correspondant en Californie,
Une liberté de mouvement totale dans un monde imaginaire. C’est le Graal de la réalité virtuelle. Un rêve imaginé par la science-fiction, du metaverse de Snow Crash jusqu’à l’Oasis de Ready Player One. Mais la réalité est loin d’être à la hauteur de la hype, et les ventes cumulées des trois leaders (Oculus Rift, HTC Vive, Playstation VR) n’ont pas dépassé les trois millions d’exemplaires en 18 mois, selon plusieurs estimations. A la conférence Oculus Connect, cette semaine, Mark Zuckerberg a demandé de la patience et annoncé que le prototype Santa Cruz, 100 % autonome, serait mis entre les mains des développeurs en 2018. Après une démonstration de 15 minutes, les immenses promesses semblent pour la première fois tenues.
Présence et empathie
« Bogo, come here ! ». L’adorable bébé dinosaure fait sa timide, cachée derrière une plante. Grâce au son spatial, on entend à la fois ses petits cris et les conseils de l’employé d’Oculus. Pour attraper une pomme, il suffit de se pencher et d’appuyer sur la gâchette de la manette Touch pour serrer ses doigts virtuels. La gentille créature s’approche pour croquer le fruit. On lui gratte la tête, et les vibrations offrent une sensation physique convaincante.
Cartoon et coloré, ce monde imaginaire n’est pas une prouesse graphique mais il donne l’impression de se promener dans un univers de Pixar. On y déambule en toute liberté… Jusqu’à ce qu’une grille bleue signale la frontière de la matrice, près du mur de la pièce de démonstration. « Va chercher, Bogo ! » Elle ramène la branche comme une championne. Et se fait avoir par un faux lancer, confuse comme un vrai chiot. Cette empathie et cette sensation de présence, c’est la véritable magie, indescriptible, de la réalité virtuelle.
Après ce Tamagochi de luxe, place à l’action. Les zombies de Dead and Buried passent à l’assaut. On tire, on esquive, on se baisse, on crie. D’abord avec un peu d’appréhension mais très vite, les murs s’oublient. On retire le casque avec le sourire. Et sans envie de vomir.
Le meilleur des deux mondes
Ce qui fait toute la différence avec la réalité virtuelle mobile (Gear VR de Samsung et Daydream de Google), c’est qu’on bénéficie ici de « six degrés de liberté » (gauche-droite, haut-bas et avant-arrière). Du coup, chaque déplacement est retranscrit avec fidélité dans le monde virtuel, et la nausée des joueurs sensibles au motion sickness (mal des transports) semble disparaître. Contrairement au Rift ou au HTC Vive, le tracking est inside-out, avec des capteurs intégrés au casque, sans avoir besoin d'installer des bornes aux coins de la pièce. Et on se déplace sans crainte de se prendre les pieds dans un câble.
Pas mal de questions
Le nouveau patron d’Oculus, Hugo Barra, reconnaît que Santa Cruz embarque une puce graphique mobile. Mais il explique qu’avec de l’optimisation, le système peut afficher des graphismes convaincants, même avec moins de polygones : « On veut proposer le ressenti du Rift en sans-fil. » Dans la pratique, les textures sont sans doute moins riches, mais avec des lentilles et un écran plus récents que le Rift, Santa Cruz propose une image moins pixelisée.
Le tracking fonctionnera-t-il aussi bien à la maison que dans la pièce de démonstration, couverte d’une moquette aux motifs contrastés ? « C’est le but, mais on est pour l’instant au stade du prototype », tempère l’ancien de Google et de Xiaomi. Le casque sera mis entre les mains des développeurs en 2018 et commercialisé ensuite, à une date non précisée.
Quid de l’autonomie et de la surchauffe, et surtout du prix ? Selon Barra, Santa Cruz devrait être compris entre l’Oculus Go (200 dollars) et le prix du Rift à son lancement (699 dollars). L’objectif, c’est de proposer un appareil « grand public », assure-t-il. Avec Microsoft qui vient de dévoiler une demi-douzaine de casques, et Google qui travaille également avec HTC et Lenovo sur des solutions autonomes, cette seconde vague virtuelle pourrait bien être la bonne.