On a testé Kodak Ektra, le photophone au design nostalgique
SMARTPHONE•Jouant sur sa notoriété passée, la marque Kodak tente une nouvelle incursion dans l’univers du smartphone avec l’Ektra, un photophone délicieusement vintage…Christophe Séfrin
En matière de photo, on aurait pu imaginer le retour de Kodak sur de l’instantané, un secteur en plein boom et dans lequel Fujifilm et ses Intax s’éclate. Mais non. La marque iconique qui avait fait faillite en 2012 préfère revenir devant les flashes avec un photophone Android. Son nom : Kodak Ektra. Il est vendu 499 euros environ. L’appareil est-il fidèle au slogan « Appuyez sur le bouton, nous faisons le reste » qui avait forgé la gloire de George Eastman Kodak dès 1888 ?
D’abord, un petit préalable : si la marque Kodak existe encore, ses produits sont fabriqués sous licence. Ici, c’est Archos qui achète une licence Kodak pour fabriquer des tablettes numériques Kodak (disponible à la rentrée) ; là, c’est JK Imagining qui s’offre lui aussi sa licence Kodak pour fabriquer des appareils photo et des actions cams sous pavillon Kodak, etc. On trouve aussi de téléviseurs Kodak, des jumelles Kodak, des piles Kodak… qui ne sont pas fabriqués par Kodak.
Une approche vintage réussie
Concernant l’Ektra, c’est la société Bullitt qui s’y colle. Si son nom ne vous dit pas forcément grand-chose, sachez qu’elle se cache aussi derrière les smartphones renforcés de la marque CAT ou encore Land Rover… fabriqués sous licence. Bref, Kodak n’est plus tout à fait Kodak, mais l’esprit de la marque aux pellicules jaunes tente de perdurer. Avec le Kodak Ektra, c’est d’abord par le design que l’on en appelle à la nostalgie. Visuellement, l’appareil est très masculin, avec une face arrière recouverte de simili cuir et des bordures façon métal brossé.
Un gros objectif domine l’ensemble, mais celui-ci est purement cosmétique. L’appareil peut se loger dans de très jolies housse en cuir marron ou noir vendues séparément. L’approche vintage est assez canon même si l’on aurait préféré davantage de matériaux nobles et moins de plastique.
Des réglages accessibles à tous
L’Ektra est équipé de deux capteurs photo : à l’avant, un confortable capteur de 13 mégapixels avec détection de visage ; à l’arrière, un capteur Sony Xmor de 21,5 mégapixels (autofocus à f/2.2) pouvant filmer en 4K… mais datant de 2014. Différentes applications sont embarquées nativement dans le smartphone pour que l’expérience photo de l’utilisateur soit optimale. Bon point : chaque photo prise peut immédiatement être retouchée à l’aide de Snapseed, l’application de Google. C’est facile et efficace, avec pas mal de possibilités de filtres, dont des filtres vintage.
Parallèlement, Kodak a aussi développé Super 8, sa propre application, permettant notamment de créer des effets oldstyle, avec différents types de pellicules photo virtuelles (Kodachrome 40 ; Ektachrome 160…). Sur l’écran de l’Ektra, une roue de sélection de mode de prise de vue facilite les réglages et c’est plutôt bien vu, comme l’ensemble des réglages proposés d’ailleurs. Pas besoin de s’y connaître pour s’essayer à telle ou telle fonction, notamment en mode manuel. Au niveau des résultats, par contre, on s’attendait à (un peu) mieux. N’offrant que des prestations de moyenne gamme, donc assez communes, le Kodak Ektra peine franchement à se distinguer.
Certes, les photos sont plutôt réussies en pleine lumière, mais elles restent assez bruitées en basse luminosité. Dépourvu de zoom optique, l’Ektra est à la peine si l’on tente d’un peut trop de rapprocher de son sujet et livre des images pixélisées. Les selfies, eux, s’avèrent plutôt réussis et détaillés. Selon Bullitt, un mode RAW devrait arriver…
Un smartphone… comme tant d’autres ?
Reste le smartphone. Sous Android 6.0, animé par un processeur Médiatek X20 assez véloce mais manquant d’autonomie, le Kodak Ektra ne joue pas forcément les gros bras. Son écran Full HD de 5’’/12,7 cm s’avère plus que correct mais assez peu réactif. La mémoire de 32 Go embarquée peut atteindre 256 Go avec une carte Micro SD. Quant à la batterie, l’autonomie de 3000 mAh reste conventionnelle. Alors, sommes-nous « déception » ?
Passé l’effet « Waouh » de la découverte du Kodak, une impression de « trop peu » domine face à l’héritage Kodak espéré. S’adressant non pas aux photographes, mais aux « créatifs » selon son constructeur, le smartphone parvient difficilement à sortir du lot, sinon par son design. De meilleurs composants et une finition plus qualitative pourraient en faire un photophore unique. Après l’IM5 sorti en 2015 et à la configuration déjà modeste, l’Ektra mérite de voir ses spécificités renforcées. Ou son prix (équivalent à celui d’un LG G5 ou d’un Huawei P9, tous deux excellents en photo) clairement diminuer.