TOMORROWLANDGoogle ou le meilleur des mondes (réel et virtuel)?

Google ou le meilleur des mondes (réel et virtuel)?

TOMORROWLAND2017 est une année charnière pour Google, avec la convergence du software et du hardware, du virtuel et du réel, et le possible avènement d'un nouveau monde, le nôtre?...
Vincent Jule

Vincent Jule

Google, c’est quoi au fait, aujourd’hui ? Votre page d’accueil, votre moteur de recherche, votre boîte mail, votre GPS et… et… ? Alors que son smartphone Pixel doit sortir en France cette année, que son Assistant personnalisé sera bientôt déployé partout et que ses A.I. [Intelligences artificielles] discutent tranquillement ensemble, la question mérite d’être posée, de vous être posée. Selon une étude YouGov France pour 20 Minutes*, Google reste pour 94 % des sondés l’incontournable moteur de recherche, et à 89 % l’un des quatre géants d’Internet (avec Apple, Facebook et Amazon). Mais dès que sont évoqués les projets à moyen ou long terme de la firme, c’est moins évident. Seuls 35 % des sondés associent ainsi Google aux voitures autonomes, et ne parlons pas de son ascenseur spatial et de sa course à la vie éternelle, vous n’êtes que 16 et 17 % à y croire.

A la convergence du virtuel et du réel

Le téléphone Pixel, l’enceinte Home, le casque Daydream View, le routeur Google Wifi… tous ces nouveaux produits sont 100 % made in Google, contrairement aux précédents Nexus ou Chromebook, collaborations avec d’autres constructeurs. Google est en fait à un tournant de son existence, à la convergence du software [logiciel] et du hardware [matériel informatique], du virtuel et du réel. Il crée son propre écosystème, son monde. Notre monde ?

Mi-novembre, 20 Minutes était invité à Londres pour plusieurs annonces, dont la construction d’un nouveau site au cœur de la capitale anglaise, « le premier bâtiment entièrement conçu et possédé par Google en dehors des Etats-Unis » a précisé le PDG Sundar Pichai. A l’image de son Googleplex à la Silicon Valley, de sa Google House éphémère et de sa Google City rêvée par son cofondateur Larry Page. Pour ce faire, le géant a racheté Nest, le spécialiste de la domotique, ou encore lancé Sildewalk Labs, une filiale dédiée à l’urbanisation. On est donc dans le réel, le dur, le béton. Des projets qui suscitent une certaine méfiance du public : toujours d’après l’étude YouGov, si vous acceptez à 70 % que Google s’invite dans votre smartphone, il n’en va pas de même pour votre maison : 51 % des sondés sont contre l’installation de Google Home et autres objets connectés.

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Google, médecin sans frontières ?

Et dans votre corps ? A l’été 2015, Google est devenu Alphabet, histoire de mettre de l’ordre dans ses affaires et de mieux compartimenter ses activités et sociétés : les Internets avec Google Inc., l’investissement avec GV, la biotechnologie avec Calico, l’intelligence artificielle avec DeepMind, la recherche avec X ou encore la santé avec Verily. Oui, la santé, avec d’ores et déjà des lentilles de contact pour diabétiques ou une cuillère pour personnes atteintes de Parkinson.

« Si Google trouve des solutions contre le cancer ou le diabète, je serais la première à applaudir, commente Christine Kerdellant, directrice de la rédaction de L’Usine nouvelle/digitale. Mon interrogation est plus qu’ils travaillent sans comité éthique. En recherche médicale, il y en a toujours un, mais eux s’en passent très bien. » Une méfiance que vous partagez, vous n’êtes aujourd’hui que 30 % prêts à faire confiance à Google sur les questions de santé.

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« La souffrance, la maladie et même la mort sont des équations à résoudre »

Mais Christine Kerdellant va plus loin, et tire la sonnette d’alarme dans un livre au titre plus qu’évocateur - et au jeu de mots risqué : Dans la Google du loup (Plon). Vie privée comme anomalie, surveillance comme désagrément inévitable, manipulation des algorithmes, immatriculation dans un paradis fiscal, intelligence artificielle sans garde-fou ( mais avec un bouton d’urgence)… selon elle, Google exerce un pouvoir totalitaire, se prend pour Dieu : « Ce sont des solutionnistes, ils réfléchissent en termes de problèmes et de solutions. La souffrance, la maladie et même la mort sont pour eux des équations à résoudre. Ils veulent créer un monde à leur image de geeks de la Silicon Valley, un monde qui, ils sont sûrs de leur fait, est le meilleur pour tous. » Le meilleur des mondes possibles pour reprendre la formule d' Aldous Huxley ?

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Une société aseptisée, ennuyeuse

Une fois les portiques passés, le badge nominatif autour du cou, il faut avouer que le QG de Google à Londres donne une drôle d’impression. Une impression de perfection, de contrôle, d’uniformisation, avec son architecture en verre épurée, sa salle de sport pour garder la forme, son chef cuisinier pour manger bon et bio… Rien ne dépasse, au point de se demander s’il reste de la place pour l’imprévisible, l’aspérité, le sale, le fun. « Leur projet est celui d’une société aseptisée, ennuyeuse. Pas très français tout ça donc », conclut Christine Kerdellantq, qui ne se dit pas pour autant anti-Google : « Je milite pour une réflexion, un débat public. Il y a des choses positives, très positives, mais aussi une part d’ombre, des dangers potentiels. »

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Plus humain ou plus qu’humain ?

Au premier rang de ces « dangers », en fait des inconnues et donc des peurs, la Singularité, ce point de rupture où l’intelligence artificielle aura dépassé l’intelligence humaine, et où les machines se soulèveront et annihileront les hommes (ça, c’est la version Terminator), ou bien leur permettront de booster leurs capacités et de devenir immortels (ça c’est la version Ghost in the Shell). Des implants dans le cerveau et des superpouvoirs ? Vous n’êtes pas prêts à 80 % selon l’étude YouGov pour 20 Minutes.

Dans une tribune publiée sur Figarovox, Nicolas Le Dévédec, docteur en sociologie et en science politique, remet en perspective cette nouvelle ère des transhumanistes, au regard et en opposition au siècle des Lumières : « Changer l’être humain plutôt que changer le monde, telle pourrait être résumée la rupture introduite par le transhumanisme quant à la conception de la perfectibilité humaine, écrit-il. Il ne s’agit désormais plus tant d’améliorer la société et nos conditions de vie sociales par des moyens politiques, mais d’améliorer l’humain par des moyens technoscientifiques dans une optique adaptative. (…) En exigeant de chaque individu qu’il soit toujours plus performant et devienne l’entrepreneur toujours plus solitaire et résigné de lui-même, le transhumanisme repousse continuellement la possibilité d’une vie authentiquement humaine, laquelle suppose d’être partagée plutôt qu’augmentée. Avant de vouloir devenir plus qu’humains, commençons par essayer de devenir plus humains. »

*Etude réalisée en ligne par YouGov pour 20 Minutes du 8 au 9 février 2017 auprès de 1.004 personnes, auprès d’un échantillon représentatif de la population nationale française âgée de 18 ans et plus (méthode des quotas). Rejoignez le panel YouGov