30 ans de MP3: Trois astuces pour rééduquer vos oreilles
SON•Le MP3 fête cette année ses 30 ans. Vous avez écouté trop de musique compressée ? « 20 Minutes » s’appuie sur la Semaine du son pour convoquer les experts qui vous aideront à reformater vos tympans…Christophe Séfrin
«Triste » anniversaire pour la musique : il y a 30 ans naissait le format de compression audio MP3. Inventé par Thomson Multimédia et le Fraunhofer Institut en Allemagne, le MP3 a évidemment permis l’explosion du partage de la musique et l’éclosion de milliers d’artistes.
Mais le Mpeg Audio Layer 3 a aussi engendré des ravages dans l’industrie musicale. Et il a surtout altéré la qualité d’écoute. « Avec le MP3, on a permis à de la musique de tenir moins de place. Cela implique que l’on en a réduit la dynamique, les écarts sonores. Conséquence : une qualité d’écoute finalement dégradée et une fatigue auditive. C’est un peu comme si l’on enlevait des pixels sur une photo : la qualité est tronquée », décrypte Michel Aublanc, créateur du Comptoir du son.
Ecoute au casque ou sur des enceintes d’ordinateur, écoute sur des enceintes Bluetooth ou – pire — directement sur les haut-parleurs des smartphones ou tablettes… vos oreilles méritent sans doute mieux. Alors que la Semaine du Son se tient partout en France jusqu’au 5 février, 20 Minutes vous invite à « rebooter » vos tympans…
Astuce n°1 : Ecouter un même fichier en qualité CD
Aussi saugrenu que cela puisse paraître, c’est une expérience à tenter. « Même avec du matériel médiocre, la différence de qualité s’entend », prône Michel Aublanc.
Pas forcément la peine de ressortir le vieux lecteur de compacts-discs de papa du placard pour comparer le dernier PNL en MP3 avec sa version CD. Le site musical français Qobuz propose tout son catalogue – soit 30 millions de titres- en qualité CD (format FLAC 16 bits/44.1 kHz). Il est possible d’en profiter en streaming ou d’acheter les morceaux désirés.
Certes, à 19,99 euros pour de la qualité CD, un abonnement mensuel à Qobuz est deux fois plus onéreux qu’un abonnement à Spotify ou Deezer, mais selon le créateur du Comptoir du son, « écouter des fichiers FLAC depuis un téléphone portable avec un casque de moyenne gamme, c’est déjà autre chose ». Ensuite, rien n’empêche de s’offrir un baladeur audiophile.
Astuce n°2 : Ecouter… le silence
Les oreilles sont entourées de muscles qui peuvent être fatigués. « Ce qui les repose, c’est le silence absolu », préconise Christophe Henrotte, ingénieur du son au Studio Maia, à Boulogne (92). Autre solution pour réinitialiser ses esgourdes selon lui : « écouter une heure de musique assez hamonique, comme de la musique classique, dans de bonnes conditions ».
En la matière, la solution ultime consiste pour Christophe Henrotte à se rendre à la Philharmonie de Paris. « C’est vraiment là qu’il faut aller pour savoir si son oreille est complètement morte, l’expérience sonore y est parfaite », recommande l’ingénieur du son. « Après cela, si l’on ne fait pas la différence avec de la musique en MP3, la cause est presque perdue ».
Pour Christophe Henrotte, « on a énormément perdu avec le MP3 qui est une catastrophe absolue. Les gens copient la musique comme des bourrins en pensant que c’est parfait. Les dégâts sont quand même irréversibles ».
Astuce n°3 : Ecouter un son hifi
Un ampli, une paire d’enceinte, cela vous cause ? « Quasiment plus personne n’est équipé en hi-fi déplore le musicien, auteur-compositeur, interprète et producteur Gaël Benyamin (aka Geyster). Qui constate : « on se retrouve avec des enceintes en un bloc, on nous dit que l’image stéréo est respectée, mais cela reste virtuel ». Solution : repasser à minima sur une solution d’écoute avec deux enceintes distinctes gauche et droite.
« En studio, on va passer des heures à travailler les panoramiques, à poser les instruments à gauche et à droite pour qu’au final on écoute notre travail en MP3 sur des téléphones ou des enceintes toutes pourries. C’est comme si nous, artistes, nous mettions en place des choses qui ne servaient à rien, comme si le public écoutait notre travail en basse définition ».
Paradoxe actuel selon Gaël Benyamin : « beaucoup de producteurs de 25/30 ans qui se mettent à faire de la musique ne vont pas forcément travailler le son, ayant toujours baigné dans les nouveaux systèmes de diffusion. Pour certains, l’exigence n’est plus la même »…