Malgré les scandales récents autour des comptes , les utilisateurs restent attachés à leur boîte e-mail… de gré ou de force. Après l’annonce d’un piratage de grande envergure qui a touché 500 millions de comptes, puis les accusations d’espionnage pour le compte du gouvernement américain, ceux qui ont cherché à changer de prestataire de messagerie se sont aperçus que Yahoo avait rendu l’opération plus que délicate, en désactivant la possibilité de transférer automatiquement ses e-mails.

« Le timing est extrêmement suspect », déclare à l’agence Associated Press le responsable d’une entreprise de technologies, qui tente de quitter Yahoo après 18 ans. L’option de transfert automatique permet, comme lors d’un déménagement physique, de ne pas rater d’e-mails pendant la période de transition, en attendant d’avoir communiqué sa nouvelle adresse à tous ses contacts. Une opération – habituellement – très simple.

Yahoo en plein rachat par Verizon

Sollicité par AP, Yahoo renvoie vers une note sur son site, indiquant que la fonction de transfert automatique est actuellement « en développement » pour l’améliorer, et donc temporairement désactivée. Mais uniquement pour les nouvelles demandes : ceux qui faisaient déjà suivre leur courrier vers un autre prestataire peuvent toujours le faire. Une raison qui peine à convaincre.

Cette « stratégie », si c’en est une, peut-elle se révéler payante pour Yahoo, qui revendiquait cet été 250 millions d’utilisateurs actifs mensuels (Gmail en annonçait plus d’un milliard au début de l’année) ? Oui, car elle est assez radicale : ceux qui avaient décidé d’aller voir ailleurs et qui ne souhaitent pas consulter plusieurs boîtes de messagerie pourraient renoncer à leur départ, du moins temporairement.

Bien que les effets des déboires de l’entreprise américaine sur son nombre d’utilisateurs soient difficiles à estimer, cela pourrait suffire à Yahoo, soucieux de limiter les vagues en pleine opération de rachat par Verizon. Après les révélations de la semaine dernière, le géant américain des télécommunications aurait d’ailleurs déjà demandé un rabais d’un milliard de dollars.