DJ, un métier. Un métier qui s’apprend. Et pas forcément dans un coin de sa chambre en poussant des « sons » du bout de l’index avec une application de DJaying. Pour devenir un pro des dance floors, il existe notamment une formation UCPA. Pour l’effectuer, il faut se rendre à l’école des DJ de Lyon qui existe depuis 15 ans. Ou chez sa petite sœur près de Poitiers, à Tercé (86)*.

C’est là que nous avons tenté de jouer les apprentis disc-jockeys durant une journée. Attention : lieu improbable. C’est en pleine cambrousse, au fond d’une carrière désaffectée que l’Institut International du Monde de la Nuit a branché ses platines. Les lieux, fréquentés la nuit par quelques familles de sangliers et de ragondins, sont rythmés le jour par les mixes de 73 jeunes : 71 garçons, 2 filles.

Moyenne d’âge : 22 ans

« Le rôle du DJ à la base, c’est de faire danser les gens et de répondre à l’attente scénique d’un public », explique Mathieu Gillet, responsable marketing chez Pioneer DJ France dont les tables de mixage dernier cri accompagnent les élèves. Tous sont en alternance durant 80 semaines : du lundi au jeudi à l’école ; le week-end en discothèque, dans des bars d’ambiance musicale ou auprès de société événementielles.

Les critères d’entrée ? « Un entretien, un projet professionnel, la motivation et du charisme », précise Hélène Mingot, directrice de l’établissement. A Tercé, les recrues ont en moyenne 22 ans, viennent de toutes les catégories socioprofessionnelles, sont souvent musiciens au départ et disposent déjà d’un petit passif dans l’animation. L’alternance leur garantit une rémunération située entre 600 et 800 euros par mois.

150 morceaux pour une fiesta

« C’est facile de se dire DJ. Le pro, lui, fera aussi la différence sur la qualité de la playlist, de la musique et de l’artistique », indique-t-on chez Pioneer. Des salles de cours où une trentaine d’élèves révisent leurs classiques à la scène géante où trois d’entre eux livrent un set dans les conditions d’un véritable club, nous passons dans l’une des nombreuses cabines insonorisées où l’on apprend à mixer.

« La musique, c’est de la pulsation, des temps qui vont constituer les mesures », explique Julien Lamy, aka DA Julian, formateur à l’école et DJ résident au Red Club de Tours. « Tous nos formateurs sont des professionnels en activité, c’est une force », assure la directrice de l’école. Que de boutons face à nous… « Une fois fixées les séquences musicales synchronisées, on fixe la vitesse », précise Julien. Et grâce au calcul automatique des bpm (battements par minute) effectué par la table de mixage, « on va pouvoir aller beaucoup plus vite dans la créativité », rassure le formateur. Oui. Mais non. Si l’on s’était comme beaucoup imaginé doué pour le mix avec une application comme Djay 2, on se rend compte bien vite que face à un contrôleur Pioneer, ce n’est plus la même danse.

Julien Lamy rassure : « La technique compte globalement pour 20 % du savoir faire. Les 80 % restant consistent en de l’analyse et de la sélection de morceaux ». Notre culture vinyle devrait faire la différence ! Conseils du pro : s’il faut parfaitement maîtriser 150 morceaux pour animer une fiesta durant 5 heures, une base de 50 titres par style musical reste nécessaire. Sans oublier une batterie d’outils, comme des a cappella, des inserts rythmiques et des boucles de percussions. 80 semaines ne seront pas de trop pour apprendre… Un week-end « Mix », comme ceux proposés par l’école au grand public, aide néanmoins à maîtriser quelques bases.

Si les élèves de l’Ecole des DJ de Tercé rêvent tous de devenir le futur David Guetta, leurs destinées seront diverses une fois en poche leur diplôme d’Etat « Animateur Musical et Scénique » : DJ résidents dans une discothèque ou DJ « guests » pour certains, d’autres deviendront aussi salariés polyvalents dans le monde du mix, de l’animation, de la vidéo, de la lumière, de la communication ou de la MAO (Musique assistées par ordinateur). Au sortir de l’école, leur rémunération devrait atteindre jusqu’à 1600 euros nets par mois.

*Rue des Sapins - Domaine de Normandoux - 86800 Tercé (05 16 01 00 70).