S’équiper de lampes connectées, est-ce une idée lumineuse?
ECLAIRAGE•Adieu ampoules à filament, fluocompactes et autres sources d’éclairage oldstyle. Le présent se conjugue avec des ampoules LED, mais aussi des ampoules LED connectées. Sur lesquelles « 20 Minutes » vous dit tout…Christophe Séfrin
Après l’extinction progressive des ampoules à filament, voici le temps d’allumer les ampoules LED connectées. Bleues, jaunes, vertes, rouges, avec mille et une nuances à piloter et à programmer depuis son smartphone, elles frappent aux portes de nos intérieurs. « Elles sont associées à cette tendance autour des objets connectés qui se veulent plus simples d’usage et profondément utiles au quotidien par rapport à la domotique », constate Nicole Maïon, directrice de la rédaction de Design@Home Magazine.
La beauté cachée des LED
C’est Philips qui a ouvert les hostilités du connecté. En 2007, le constructeur lance Living Colors. A base d' ampoules LED, cette boule lumineuse révèle les atouts des petites ampoules : intensités et teintes à moduler autant que désiré, consommation d’électricité réduite de 85 %, durée de vie passant de 2.000 à 15.000 heures. Cinq ans plus tard, Philips transforme Living Color en HUE, son ampoule connectée à piloter depuis une application. Ouverte aux développeurs, celle-ci permet à HUE d’être intégrée dans des applications tierces pour animer une soirée disco, pour être alerté de l’arrivée d’un mail important ou si quelqu’une sonne à la porte…
Si l’on est équipé d’un détecteur de fumée Nest Protect, toutes les ampoules HUE de la maison peuvent même passer au rouge (une couleur visible à travers la fumée) en cas d’alerte. Plus réjouissant : on peut créer son propre scénario en passant par la fameuse application IF (qui permet à plusieurs applications de « parler » entre elles). Ainsi, il est possible de déclencher la mise en route automatique de ses ampoules connectées lorsque l’on s’approche de son domicile : la géolocalisation du smartphone dans un rayon que l’on choisit allume les ampoules connectées de la maison. Et si l’on est équipé d’un iPhone, on peut aussi gentiment demander à SIRI d’allumer le salon ou la chambre à coucher.
Presque 100 euros pour allumer le connecté…
Comment s’équiper ? « L’incontournable outil de base est une passerelle qui permet de communiquer entre la box et les ampoules en Wifi », rappelle Audrey Baleydier, responsable marketing chez Osram. Une fois associé à l’application dédiée, et voilà son écosystème de lampes connectées qui peut se mettre en place. Des dizaines d’autres ampoules ou luminaires pourront progressivement lui être associés. Comptez entre 80 et 100 euros selon les marques pour un kit de démarrage avec deux ampoules et un pont Internet. Puis 20 euros au minium pour une ampoule supplémentaire. Ce qui n’est pas donné.
« Mais on ne touche pas à l’installation électrique existante, rappelle Christophe Bresson, responsable marketing chez Philips HUE. On a trop souffert de la domotique des années 2000 ». « L’idée, c’est ensuite de faire évoluer son installation, de se créer des zones nuit/jour dans la maison, de faire de la simulation de présence », poursuit Audrey Baleydier.
Faire autre chose que de la simple lumière
Avec 28 points lumineux en moyenne dans les foyers, on peut donc faire preuve de beaucoup d’imagination : installer ici de simples ampoules blanches connectées dont on modulera intensité et chaleur lumineuse ; là des ampoules RGB (colorées et un peu plus chères) autour desquelles on créera des scénarios : bleu tamisé pour une soirée home cinéma ; rose pour une nuit passion, etc.
D’ailleurs, certains, comme la société Awox, ont bien compris qu’ils pouvaient aller encore plus loin. « Nos ampoules connectées sont hybrides : certaines intègrent un haut-parleur pour diffuser de la musique depuis un smartphone, d’autres un détecteur de fumée, d’autres une caméra de surveillance », indique Alain Molinié, le PDG d’AwoX. Qui a même créé une ampoule connectée avec diffuseur de parfum ! « On peut faire autre chose que de la simple lumière, comme de rendre une caméra de contrôle moins intrusive », martèle Alain Molinié. Alors, convaincu ?
Les usages, clé du succès
Pour l’heure, le marché des ampoules connectées n’en est qu’à ses débuts. Selon les sources, son taux de pénétration dans les foyers français serait situé entre 1 % et 2 %, ce qui demeure infime. « On reste sur une niche. Et avec des ampoules à 20 euros minimum, il y a une réalité économique qu’il ne faut pas se cacher », relève Audrey Baleydier chez Osram. Il semble aussi que le secteur de la lumière connectée souffre encore d’une réelle méconnaissance de public. En attendant, les quelques marques engagées dans la bataille continuent d’innover.
Progressivement, le passage obligé par le smartphone pour s’équiper en luminaires connectés s’étiolera au profit d’interrupteurs avec détecteurs de présence intégrés, voire d’interrupteurs à commande gestuelle, comme chez Awox. « On avancera par le prix, par des applications, des interrupteurs locaux avec des programmes pour s’affranchir du smartphone, des prises connectées pour brancher des appareils électriques et les intégrés même s’ils n’ont pas la technologie », pronostique Audrey Baleydier d’Osram.
Et pour s’imposer, les ampoules connectées devront continuer à s’intégrer dans des scénarios de vie. Pour Nicole Maïon de Design@Home Magazine, « il n’est pas uniquement ici question d’éclairage, mais d’un ingrédient parmi différentes solutions proposées pour faire évoluer sa maison avec une réponse concrète à des besoins et à une demande de personnalisation ». Alors, la lumière connectée est-elle la lumière de demain ? « Non, rétorque la spécialiste, c’est déjà la lumière d’aujourd’hui ! »