TECHNOLOGIEPour une start-up française, un rachat n'est pas toujours un conte de fées

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Philippe Berry

Philippe Berry

Au siège d’Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) de Withings, le champagne a sans doute coulé à flots. Racheté par Nokia pour 170 millions d’euros, le pionnier français des objets connectés passe sous fleuron finlandais. Ses fondateurs, Eric Carreel et Cédric Hutchings, vont toucher le gros lot. Mais l’avenir après une acquisition étrangère n’est pas toujours aussi radieux que les communiqués de presse veulent le faire croire.

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Ancien coordinateur du mouvement French Tech à Londres, Matthias Bardon regrette sur Twitter que la start-up n’ait pas réussi à croître en restant indépendante – surtout après avoir reçu des aides et des investissements publics. Les équipes seront intégrées à une division « santé connectée » de Nokia qui sera dirigée par Cédric Hutchings, mais rien ne garantit que les 200 salariés resteront dans leurs bureaux actuels en France, à Boston et à Hongkong. Il y aura sans doute des départs, volontaires ou forcés, alors que Nokia est a priori plus intéressé par la plateforme de données santé développée par Withings que par le design – certes réussi – de ses objets connectés.

Une intégration réussie pour Wit.ai chez Facebook

Les start-up françaises ont la cote à l’étranger, ce n’est pas nouveau. Récemment, Captain Train a été racheté par son concurrent britannique Trainline, GoPro s’est offert Stupeflix et Breaz, une start-up parisienne spécialisée dans le recrutement, a été absorbé par l’Américain Hired.

Un géant rachète souvent une start-up pour acquérir un produit, une technologie ou des talents. Cela peut être gagnant-gagnant, souvent quand il s’agit d’une petite équipe. Racheté par Facebook en 2015, Wit.ai est devenu en moins d’un an le cœur la reconnaissance vocale de la nouvelle infrastructure de bots dévoilée par Mark Zuckerberg début avril. Et son fondateur, Alex Lebrun, supervise désormais M, l’assistant intelligent de Facebook. Mais parfois, la lune de miel tourne court.

Racheter, intégrer, fermer

Google a racheté le client mail Sparrow en 2012. Ses fonctions ont progressivement été intégrées à son logiciel maison, Inbox. Et puis Google a euthanasié Sparrow en 2015. Dans la foulée, son fondateur, Dominique Leca, a quitté l’entreprise californienne pour créer Stuart, une start-up spécialisée dans la livraison express. Racheter, intégrer, fermer. La tendance est généralisée à tous les pays, comme Dropbox avec Mailbox récemment.

Parfois, il y a juste des problèmes culturels. Le blog Rude Baguette raconte la « triste histoire » du rachat d’Aldebaran Robotics et de son robot tout mignon Nao par le Japonais Softbank. Turnover, départs, coupes budgétaires, l’aventure a tourné au cauchemar et, selon des employés, la pépite tricolore a été « saignée ». On souhaite davantage de bonheur à Withings.