A quoi servent les assurances sur les produits high-tech?
Conso•Plus d’un Français sur deux souscrit une assurance sur ses achats high-tech, un marché de trois milliards d’euros par an...Virginie Tauzin
«Plus le produit est cher, moins les gens hésitent à l’assurer. C’est un investissement, ils ne peuvent pas se permettre d’en acheter un autre en cas de problème. » Emmanuel, conseiller dans une boutique Bouygues Telecom à Paris, propose l’assurance sur les téléphones à chaque fois. « Mais personne n’est obligé de la prendre », précise-t-il. Selon une enquête réalisée en novembre dernier par l’institut Odoxa pour le comparateur d’assurances lesfurets.com, 52 % des Français ont déjà souscrit ce type d’assurances sur les produits high-tech, hi-fi ou électroménagers.
Pourtant, 61 % estiment qu’elles sont inutiles. « Les clients demandent rarement ce que contiennent les assurances », ajoute Emmanuel, qui admet ne pas savoir lui-même précisément ce que stipulent les contrats de ces assurances dites affinitaires.
Le risque de la multi-assurance
Une assurance affinitaire est un package de protections adaptées et personnalisées qui couvrent les produits de consommation courante. Ordinateurs, tablettes et smartphones en font partie. Généralement, l’assurance est mensualisée, et son coût dépend de la valeur de l’achat. Chez SFR, si vous signez un contrat avec l’assureur AIG, elle varie de 2,99 à 14,99€ par mois. De quoi alimenter un marché colossal : les assurances affinitaires rapporteraient 3 milliards d’euros par an. Un scandale, selon UFC-Que Choisir, qui soulève que d’autres assurances protègent tout autant les produits que l’on possède : l’assurance habitation et la carte bancaire en tête.
« Quel soit votre achat High-Tech ne souscrivez pas ces assurances arnaques ! Moi assurance @Groupe_SPB chez @Cdiscount pic.twitter.com/WbWSDRSBwY — No pasaran © (@auxprunes) 8 Juin 2015 »
UFC-Que Choisir dénonce également les nombreuses exclusions stipulées en astérisque dans ces contrats que l’on ne lit pas. Par exemple, le vol est pris en charge si et seulement si le détenteur est victime d’une agression. En cas de rupture d’écran, l’accident le plus fréquent sur les iPhone et autres smartphones, aucun remplacement n’est prévu : la négligence et la maladresse ne sont pas couvertes. Julien paie 8,5 € par mois pour l’assurance de son iPhone mais, ce jour-là, face à un vendeur Bouygues Telecom, il constate que ni le constructeur ni l’opérateur n’y pourront quoi que ce soit. « L’écran est brisé, je n’y vois plus rien, lâche-t-il, dépité. Je crois que c’est la dernière fois que je contracte une assurance. » En effet, l’assurance ne prend le dépannage en charge que si le téléphone ne fonctionne pas. Et quand seul l’écran est cassé… seul l’écran est cassé.
Les assurances maintenant résiliables
Confrontée à cette image entachée, la Fédération des garanties et assurances affinitaires (FG2A), créée en 2012, réagit. « Les assurances affinitaires spécifiques sont les seules à garantir une couverture à hauteur du prix du produit acheté et couvrant plusieurs sinistres », rétorque Patrick Raffort, son président, qui dénonce que ni les assurances habitations ni les banques ne couvrent les produits nomades tels les téléphones ou les tablettes. En créant le Label Qualité Assurances & Services, la FG2A cherche à rassurer les consommateurs sceptiques sur leur utilité, et précise au passage que tous les contrats ne se valent pas. « En matière de téléphonie mobile et pour les meilleurs contrats, le sinistre est pris en charge dans 90 % des cas », assure Patrick Raffort.
« J’ai trouvé l’assurance parfaite : 9€/mois et remboursement à neuf de tout le high-tech contre casse ou vole. #mavievachanger — Mathieu (@Mathieu_Lardent) 14 Mars 2015 »
Le gouvernement aussi s’est penché sur la question. La loi de consommation, dite loi Hamon, permet désormais au consommateur de résilier son contrat à tout moment un an après sa signature. Une mesure incitée par UFC-Que Choisir qui soulevait le peu d’intérêt de ce type d’assurance sur le long terme, les produits technologiques perdant très vite leur valeur. Tout comme les associations de consommateurs, la Fédération des garanties & assurances affinitaires invite les acheteurs à lire attentivement les contrats. Et à ne rien précipiter : depuis la loi Hamon, les opérateurs permettent la souscription après l’achat (30 jours chez Bouygues et SFR, à tout moment chez Orange) et la rétractation sans motif dans les deux à trois semaines qui suivent l’achat.