VIDEO. «Dofus», pourquoi ce jeu de rôles en ligne français tient depuis 10 ans?
JEU VIDEO•Le jeu multijoueurs et en ligne d’Ankama fête cette année son dixième anniversaire. Un record de longévité…Joel Metreau
Des mondes persistants s’écroulent, d’autres rayonnent. C’est la cruelle géopolitique des jeux de rôles massivement multijoueurs en ligne. Certains ont mis la clé sous la porte («Warhammer Online»), d’autres ont eu des difficultés après leur lancement («Star Wars: The Old Republic»). «Dofus», lui, appartient au cercle très fermé des jeux de rôle en ligne qui atteignent leurs dix ans, comme «World of Warcraft», «Eve Online» ou « Everquest2». Conçu par les Français d’Ankama, il reste toujours fréquenté: quelque 2,5 millions de comptes actifs chaque mois, revendique l’entreprise roubaisienne. Quelques ingrédients de son succès? Une économie dynamique, un contenu mis à jour tous les mois (ce mardi, «Les Trésors d’Enutrosor »), un univers d’heroic fantasy qui ne lésine pas sur l’humour, un système d’abonnement ni contraignant ni élevé: 5€ par mois.
Une majorité de joueurs francophones
Son originalité tient à sa présentation en deux dimensions, intact depuis ses origines en 2004, au même moment où le mastodonte américain «World of Warcraft» se lançait en 3D. Un aspect qui peut paraître aujourd’hui daté, avec ces personnages qui se déplacent d'écran à écran. «Finalement, la 2D a été un atout pour nous, raconte Mathieu Bourgain, game designer chez Ankama. Ça a un côté plus facile d’accès pour le public.» Réalisé en Flash, «Dofus» continue de s’appuyer sur cette technologie peu chère et jouable via un navigateur Web. «Ce qui lui vaut aussi un certain succès en Amérique du Sud car le jeu demande peu de ressources», pointe David Talmat, directeur marketing chez Ankama. Traduit en huit langues, «Dofus» recrute toutefois quelque 60 % des joueurs dans les pays francophones.
Un relifting nécessaire et critiqué
Sans communauté pour le soutenir, un jeu multi-joueurs vide d’habitants ne rime à rien. Les joueurs évoquent l’échange facile avec les développeurs: une petite équipe de 28 personnes dédiées à la production. Ils évoquent aussi un jeu découvert par le bouche-à-oreille. Tom 20, ans, avait commencé à y jouer avec sa sœur il y a 8 ans, puis a «converti des amis». Ce responsable de la modération pour JeuxOnline se rappelle aussi de l’époque critique de «Dofus» version 2.0. En 2009, cette importante mise à jour avait donné aux les graphismes davantage de détails. «Tous les joueurs n’ont pas accroché, certains sont partis», se souvient Tom. Un relifting nécessaire pour affronter la concurrence. «Dès qu’on a commencé à détailler les personnages, des joueurs ne se reconnaissaient plus, peut-être qu’ils projetaient leur imagination dessus, pointe le développeur Bruno Martin, également auteur du premier roman dont vous êtes le héros dans l’univers Dofus.
L'aspect très stratégique des combats
Le style graphique, mélange de manga et de dessin franco-belge, n’a cessé de s’affirmer, permettant à «Dofus» de se décliner en série d’animation sur France 3. Le Youtubeur Videofus, 28 ans, reconnaît que «le graphisme du jeu peut paraître enfantin. Mais "Dofus" se jouant au tour par tour, comme aux dames ou aux échecs, il a un aspect tactique qui le rapproche d’un jeu de plateau.» Aux 100.000 abonnés de sa chaîne YouTube, il décortique régulièrement les rouages des combats. Parmi les mises à jour que Videofus attend, celui du système d’affrontement entre serveurs. Mais pour les joueurs débutants, il y a tout un contenu à explorer: 13.000 écrans de jeu sont désormais à visiter.