INFORMATIQUEOffice vs iWork: C'est la guerre froide entre Microsoft et Apple

Office vs iWork: C'est la guerre froide entre Microsoft et Apple

INFORMATIQUEEn proposant gratuitement sa suite bureautique sur Mac OS X et iOS, Apple attaque la poule aux œufs d'or de Microsoft. Qui a contre-attaqué, mercredi...
Philippe Berry

Philippe Berry

Touche pas à ma bureautique. Mardi, Tim Cook avait revêtu son costume de Xavier Niels pour annoncer qu'Apple allait «révolutionner les prix» en proposant Mac OS X Mavericks et les suites iLife et iWork gratuitement. Mercredi, Microsoft a riposté par la voix de son responsable de la communication, Frank Shaw. Dans le billet «des pommes et des oranges», il s'attaque au «champ de distorsion de la réalité» qui entoure les annonces d'Apple. Avec plusieurs points pertinents. Et un peu de mauvaise foi.

Shaw rappelle d'abord que les tablettes de Microsoft Surface et Surface 2 incluent Office et qu'elles sont «moins chères que l'iPad 2 et l'iPad Air». Il a raison. A 339 et 439 euros, elles coûtent 70 euros de moins que les modèles équivalents d'Apple, et Office pour Windows RT (la version light, spéciale tablette de Windows 8) est bien inclus.

Office payant pour tous les autres appareils

Ce qu'il oublie, c'est que pour Surface Pro, qui coûte 879 euros, ou sur PC, il faut débourser 139 euros pour acheter la version «famille et étudiant» d'Office et 539 euros pour la version «professionnel». En clair, Microsoft offre Office car il a désespérément besoin de faire décoller sa tablette (qui lui a causé une perte de 900 millions de dollars au dernier trimestre). Pour le reste, il continue de le vendre, et on comprend mieux pourquoi en regardant les résultats du dernier trimestre: la division «business», dont Office représente une importante part, reste sa principale source de revenus, à plus de 30%, devant Windows.

Chez Apple, la version collaborative dans le cloud d'iWork est encore gratuite, comme Google Docs, tandis que Microsoft facture 99 euros par an pour un abonnement à Office 365. Comme l'expliquait l'analyste de Gartner, Van Baker, à 20 Minutes, lundi, Apple constitue avec iOS et Mac OS X «un écosystème de valeur» et se rattrape avec des marges juteuses sur le hardware. Microsoft, un vendeur de logiciel qui se lance dans le matériel, n'a pas ce luxe. Et avec 700 millions d'appareils iOS vendus dans le monde, et des nouveaux modèles 64 bits plus adaptés au monde de l'entreprise, Apple commence à devenir menaçant côté business.

Deux visions opposées

«Nos concurrents sont perdus. Ils transforment des PC en tablettes et des tablettes en PC.» La pique de Tim Cook, mardi, était clairement destinée à Microsoft, qui tente de pousser des hybrides «tout en un» avec Windows 8 dans le rôle de l'OS à tout faire: mobile et desktop, tactile, souris et clavier.

Shaw confirme cette vision. Selon lui, «Surface est un appareil simple et bon marché, qui permet de se relaxer et de travailler». Il met notamment en avant le port USB et le clavier. Sauf que ce dernier n'est pas fourni. La «touch cover» coûte 120 euros, contre 69 euros au clavier sans fil de l'iPad.

Le problème de Microsoft, c'est que la réalité n'est pas encore au niveau des promesses. Windows RT, qui équipe Surface, n'est compatible ni avec les programmes PC, comme Photoshop, ni avec les jeux. Surface Pro 2, de son côté, est deux fois plus lourd qu'un iPad, et son autonomie, deux fois plus faible que celle du dernier MacBook Air. Avec un clavier, il coûte plus qu'un PC portable de milieu de gamme et une tablette Android combinés. La plupart des observateurs, comme l'analyste Tomi Tahonen, estiment que la seule chance de Microsoft est de proposer une tablette sous Windows 8 au prix d'un iPad, comme Dell et Asus le font déjà. Et pourquoi pas d'offrir Office en prime.