Une start-up toulousaine ambitionne de connecter tous les objets du quotidien
HIGH TECH•Sigfox, pionnier de l'Internet des objets en France, mise sur le très bas débit pour faire communiquer n'importe quels objets et machines. L'entreprise est persuadée que ces usages révolutionneront notre quotidien d'ici quelques années...Anaëlle Grondin
Aujourd'hui, les objets du quotidien sont muets. Mais plus pour très longtemps. Selon les analystes, 50 milliards d'entre eux pourraient être connectés à Internet d'ici à 2020. Votre porte-clés, par exemple, pour ne plus avoir à le chercher. Ou encore votre plante, qui pourrait envoyer un tweet lorsqu'elle a soif. Et pourquoi pas connecter votre chat pour savoir où il va et s'il est en bonne santé? Vos compteurs d'eau et d'électricité pourraient aussi être connectés directement à Internet pour pouvoir gérer votre consommation en temps réel.
Ludovic Le Moan, le PDG de la start-up toulousaine Sigfox créée en 2010, a compris très tôt que l'Internet des objets était un enjeu majeur aujourd'hui. C'est d'ailleurs le thème choisi par la conférence LeWeb cette année, qui réunit la crème de la Silicon Valley et les jeunes pousses les plus prometteuses. «Sigfox s'est demandé ce qu'il faudrait mettre en place pour que tous ces milliards d'objets communiquent» sans que cela coûte une fortune, raconte Ludovic Le Moan à 20 Minutes. C'est alors que lui vient une idée: pourquoi ne pas utiliser le bas débit? Alors que le monde est à la course au haut débit, «l'enjeu pour nous était de baisser les coûts de connexion et de démocratiser ces technologies, arriver à des débits et donc des prix très faibles.» Des débits qui suffisent amplement à faire communiquer des objets.
«Moins d'un euro par an par objet»
Sigfox tient ainsi un rôle d'opérateur. «Nous, on fournit le transport des communications. D'autres vont fournir les applications au fur et à mesure», explique son PDG. «On a mis des petites antennes sur le territoire - 80% de la France est déjà couverte. Ce réseau pourra permettre demain à des millions d'objets de communiquer à des tarifs dérisoires: on envisage moins d'un euro par an par objet, indique Ludovic Le Moan. On veut ensuite installer nos antennes partout en Europe et dans le monde.»
Un gigantesque marché d'applications s'ouvre à Sigfox, pionnier dans ce domaine. «Pour l'instant on cible les entreprises. Pour les intrusions et les incendies, par exemple, on travaille avec des assureurs», nous confie Ludovic Le Moan. La start-up vient de signer un contrat avec la Maaf pour sa nouvelle offre de protection de l'habitat des particuliers. «Le service d'alerte en cas d'incendie et/ou d'intrusion fourni par le réseau Sigfox permettra aux assurés Maaf, grâce aux détecteurs disposés dans l'habitation, d'être avertis directement par SMS en cas de détection de mouvements ou de fumée», indique l'assureur dans un communiqué.
Sigfox travaillait déjà avec ClearChannel pour les panneaux publicitaires déroulants. Dix mille en France sont contrôlés par la start-up, fait savoir Ludovic Le Moan. «L'entreprise peut désormais savoir à distance dès que l'un d'entre eux tombe en panne. Avant, des personnes étaient payées pour tourner en voiture, constater des défauts et faire des rapports», précise-t-il. Sa firme ne s'adresse donc pas encore directement au grand public. «Mais cela peut changer dans deux ou trois ans. J'imagine un quatrième abonnement à la maison: mobile, ADSL, télévision, et l'abonnement qui permettra de contrôler son environnement propre», déclare Ludovic Le Moan.
Levée de fonds de 10 millions d'euros
«Quand je me suis lancé dans Sigfox, les gens m'ont pris pour un illuminé en me disant: 'C'est quoi l'intérêt de faire un réseau très bas débit, alors qu'on a le haut débit?' J'ai laissé dire car j'avais une autre vision des choses», finit par lâcher le PDG. Et il a bien fait de ne pas baisser les bras. Sa jeune entreprise est déjà parvenue à convaincre plusieurs investisseurs. En septembre, Sigfox a levé 10 millions d'euros auprès d'Intel Capital notamment.