«The Hobbit»: Le nouveau format vidéo gâche-t-il la magie du film?

«The Hobbit»: Le nouveau format vidéo gâche-t-il la magie du film?

HIGH-TECH – Après les premières projections, le buzz sur le 48 images seconde ne s'avère pas vraiment positif...
Philippe Berry

Philippe Berry

Mercredi prochain, Le Hobbit va prendre d'assaut le box office français avec le premier volet d'une trilogie qui s'achèvera en décembre 2014. Principale décision, pour le spectateur: quelle version choisir parmi les cinq disponibles: 2D, 3D, IMAX, IMAX 3D and 3D HFR.

Mise à jour: Il y a une confusion entre toutes les versions, mais Warner France nous confirme que le film ne sera pas projeté en 2D HFR. Il n'y aura qu'une cinquantaine de copies HFR, toutes en 3D.

HFR, c'est quoi?

HFR, pour high frame-rate, ou 48 images par seconde, soit deux fois plus que le format adopté par le cinéma depuis les années 30. Peter Jackson le jure, il s'agit du futur. Mais le studio a fait le choix de ne proposer cette technologie que pour la version 3D, dans les salles les plus récentes. La bonne vieille 2D reste, elle, à 24 images seconde. Pour ceux qui veulent tenter l'expérience originale, telle que voulue par le réalisateur, CloneWeb a listé la quarantaine de salles qui proposeront le film en 3D HFR en France.

Quels sont les avantages?

Sur le papier, plus d'images par seconde signifie une fluidité accrue et une netteté des objets en mouvement plus prononcée. Peter Jackson jure que cela permet d'éviter le mal de crâne de la 3D et que #HobbitVomit ne devienne populaire sur Twitter le jour de la sortie. Dans ce clip YouTube, même si l'encodage réduit le nombre d'images, on peut voir la différence de netteté, sans effet «fantôme», surtout en mettant en pause.

Et les inconvénients?

Trop de netteté tue le rêve. Ceux qui possèdent une télé HD récente connaissent le sentiment. Par défaut, les constructeurs activent un effet (comme TrueMotion ou MotionPlus) qui interpole le nombre d'images pour fluidifier le mouvement. Cela est appréciable pour un match de basket mais d'un seul coup, votre film préféré ressemble à Amour, Gloire et Beauté et la plupart des spectateurs préfèrent le désactiver. La situation est différente pour Le Hobbit, car les images supplémentaires ont été filmées nativement mais l'esthétique est chamboulée, tout comme la perception du jeu des acteurs.

Qu'en disent les premiers critiques?

Le réalisateur Bryan Singer est l'un des rares séduits. «Je viens de voir Le Hobbit. J'ai de sérieuses envies de HFR. Extraordinaire et immersif», écrit-il sur Twitter. Mais la plupart des critiques ciné ont été distraits par l'esthétique. «J'ai presque cru qu'il y avait un problème avec le projecteur. On aurait parfois dit des séquences sorties de Benny Hill», juge HitFlix. BoxOffice.com compare certaines accélérations à «un trip sous méthamphétamines». Pour le Huffington Post, «la magie n'opère pas car les images sont trop réalistes. Dans les scènes en intérieur, on voit trop qu'il s'agit d'un plateau de tournage». Selon plusieurs observateurs, on remarque également davantage les prothèses et la performance des acteurs semble moins naturelle, plus proche du théâtre. Globalement, la 3D est jugée moins réussie que celle de L’Odyssée de Pi de Ang Lee, qui sort le 19 décembre.

Et pour l'avenir?

James Cameron veut tourner Avatar 2 et 3 en HFR. Est-ce la technologie qui n'est pas au point ou nos cerveaux, trop habitués au 24 fps? «On ne comprend pas à 100% cet effet», estime le neuroscientifique Paul King. Il l'explique, «selon certains, un nombre d'images par seconde plus bas captive l'imagination» et active l'état de «suspension consentie de l'incrédulité» du spectateur. A l'inverse, avec des images de plus en plus nettes et de plus en plus réalistes, on voit davantage les grosses ficelles du tour de magie qu'est le cinéma.

Et le film?

Les critiques sont mitigées (75% «fresh» et 6,6 /10 sur les vingt premières compilées par RottenTomatoes). Globalement, Le Hobbit est jugé moins réussi que le premier épisode du Seigneur des Anneaux, avec des longueurs et un effet de déjà-vu.