Strasbourg: mieux logés, les Roms veulent surtout "le droit de travailler"

Strasbourg: mieux logés, les Roms veulent surtout "le droit de travailler"

Des caravanes équipées, des sanitaires, une laverie: à Strasbourg, ...
© 2012 AFP

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Des caravanes équipées, des sanitaires, une laverie: à Strasbourg, après les camps insalubres, quelque 70 Roms vivent depuis près d'un an dans des conditions plus dignes. Mais sur ce site financé par la Ville, les occupants n'ont qu'une obsession, avoir "le droit de travailler".

Des enfants jouent devant l'entrée de l'espace clôturé, aux faux airs de petit camping propret. Nicola, 63 ans, un Rom venu de Roumanie, désigne fièrement l'un d'eux: "C'est mon petit-fils, il va entrer en CP la semaine prochaine dans une école près d'ici".

Comme lui, la plupart de la quinzaine d'enfants présents sont scolarisés. Ils pourront bénéficier dès la rentrée d'un soutien scolaire sur ce site, l'"Espace 16", créé par la municipalité au pied d'anciennes fortifications de la capitale alsacienne.

Les familles, toutes originaires de Roumanie, sont logées dans 26 caravanes installées depuis novembre 2011. "Elles ont été choisies en fonction de leur désir d'insertion dans la société française", explique Marie-Dominique Dreyssé, adjointe EELV au maire de Strasbourg.

"L'idée, c'était d'abord de les sortir des camps illégaux où ils vivaient dans des conditions déplorables, puis de leur proposer un accompagnement pour préparer leur insertion", poursuit-elle, en insistant: "Ce lieu est provisoire, c'est un tremplin".

Dans une petite baraque modulable installée sur le site, des mots du quotidien remplissent des tableaux: "aujourd'hui", "je m'appelle", "je viens de Roumanie". Les volontaires peuvent y suivre des cours de français.

"Mais c'est difficile: les personnes ici sont en permanence à la recherche de ressources pour vivre, ils ne sont pas toujours disponibles", explique Adina Patois, employée de l'association à qui la Ville a confié la gestion du site.

"Première réponse"

Bianca, 25 ans, est arrivée il y a quatre ans de Roumanie et a connu les camps sauvages. "On est mieux ici, il y a l'eau, l'électricité". Mais pour cette mère de deux enfants, "ça ira vraiment mieux quand on pourra travailler, et qu'on ne sera plus obligés de faire la manche".

Une association caritative a voulu l'embaucher, mais elle s'est heurtée à un refus administratif.

"Moi j'avais une proposition de boulot, dans la sécurité, mais la préfecture a aussi refusé", explique Calman, 25 ans. "Mais je peux tout faire: les jardins, les carrelages, les parquets...", poursuit-il. Autour de lui, d'autres expliquent travailler parfois au noir, mais pas assez pour bien se nourrir.

Tous ont entendu parler des assouplissements prévus des conditions d'embauche des Roumains et Bulgares. "Est-ce que c'est bon, maintenant, on a le droit de travailler?", demande Calman.

"C'est compliqué...", lui répond Dominique Steinberger, président de Latcho Rom, un collectif qui s'est mobilisé ces dernières semaines contre un référé introduit par la Ville contre des familles roms occupant illégalement quatre terrains à Strasbourg (l'affaire sera examinée le 11 septembre devant le TGI).

Pour M. Steinberger, "l'Espace 16" est une "première réponse" au problème du logement, même s'il juge maladroit de la part de la Ville d'avoir "mis des caravanes pour des Roms sédentaires".

Mais "tant qu'on n'aura pas réglé la question du travail, cela ne sert à rien", poursuit-il. "Pour leur insertion, ces personnes doivent être en condition d'activité", estime-t-il, déplorant les "blocages" de la préfecture.

"On est entrés dans un nouveau temps politique, on va pouvoir avancer sur cette question du travail", assure de son côté Mme Dreyssé.