Prothèses mammaires: le fondateur de PIP, un entrepreneur ambitieux

Prothèses mammaires: le fondateur de PIP, un entrepreneur ambitieux

"Géo Trouvetou" pour les uns, "escroc" pour d'autres, le fondateur de la société PIP, Jean-Claude Mas, a évolué dans le secteur des prothèses mammaires pendant 30 ans, jusqu'à en devenir un des leaders mondiaux avant de tout perdre en 2010.
© 2011 AFP

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"Géo Trouvetou" pour les uns, "escroc" pour d'autres, le fondateur de la société PIP, Jean-Claude Mas, a évolué dans le secteur des prothèses mammaires pendant 30 ans, jusqu'à en devenir un des leaders mondiaux avant de tout perdre en 2010.

S'il est un trait de caractère sur lequel ses connaissances semblent s'accorder, c'est l'ambition. "Il a toujours voulu être premier", dit Yves Haddad, avocat de PIP puis de son fondateur depuis 2005.

Né à Tarbes le 24 mai 1939, l'homme passe un bac maths et étudie deux ans à l'université, selon son avocat. Ensuite, "il fait +12 métiers, 13 misères+".

Son activité se précise avec dix années passées comme "délégué médical" pour le groupe pharmaceutique américain Bristol-Myers. "Il était alors le +premier vendeur+ de produits médicaux", insiste Me Haddad.

Selon le CV "officiel", un tournant intervient en 1980: la rencontre avec le chirugien esthétique toulonnais Henri Arion, inventeur en 1965 d'une prothèse gonflable avec sérum physiologique. Le Dr Arion est décédé en 2004 dans un accident d'avion et les laboratoires Arion, dirigés par son fils, ne confirment pas aujourd'hui les relations entre les deux hommes.

Toujours est-il que Mas dirige pendant dix ans une entreprise dans ce secteur, comme le souligne le tribunal de commerce de Toulon, avant de fonder sa société Poly Implant Prothèse (PIP), en juillet 1991, à la Seyne-sur-Mer (Var).

Le marché est en plein essor et l'homme au collier de barbe multiplie les annonces d'innovations.

En 2001, les Echos rapportent ainsi que PIP, leader en France de la prothèse mammaire, vient de lancer un modèle dont il espère qu'il lui ouvrira les portes des Etats-Unis: une prothèse asymétrique avec implants différents à droite et à gauche, offrant "des résultats esthétiques exceptionnels en s'adaptant davantage à la morphologie féminine".

Chez PIP, Mas est président du conseil de surveillance mais aussi concepteur des produits.

"C'est un innovateur, un génie, c'est Géo Trouvetou!" s'emballe son conseil. "C'est l'âme de la société, c'est lui le responsable de tout".

Par la voix de l'avocat, puisqu'il refuse de s'exprimer lui-même, il admet que le gel de silicone aujourd'hui incriminé était un gel "maison", tout en niant toute toxicité. Un produit non agréé, à base de gel alimentaire, pour réduire les coûts de l'entreprise confrontée à une concurrence accrue et qui finira par être placée en liquidation judiciaire en 2010. Jean-Claude Mas avait-il le bagage nécessaire? "Il a une formation scientifique très limitée", reconnaît son avocat. Mais "vendre du silicone en France ne nécessite pas de diplôme de pharmacien...", rappelle-t-il.

Pour Patrick Baraf, chirurgien esthétique cité par plusieurs journaux, "c'est un menteur, un escroc", qui pratiquait le dumping pour écraser la concurrence.

Me Haddad balaie ces accusations: "en 1991, Baraf et Mas étaient concurrents".

Aujourd'hui, Mas reste silencieux. Il serait dans le Var, où son entourage le dit convalescent. "Il est chez lui, entre Six-Fours et La Seyne", a dit à l'AFP Dominique Lucciardi, son ex-compagne avec qui il a eu deux enfants, depuis sa villa nichée dans les pins à Six-Fours. "Il était en clinique il y a huit jours, on l'a opéré", ajoute-t-elle, assurant garder "beaucoup d'affection pour lui".

Me Haddad le dit "très impressionné" par l'ampleur de l'affaire.

Peut-on expliquer de récents séjours de M. Mas au Costa Rica? "Pour affaires, pour le plaisir, je ne sais pas", répond l'avocat.

Dans le jugement de liquidation de 2010, le tribunal de Toulon le domiciliait au Luxembourg. Me Haddad dément qu'il y réside. Ou plutôt précise: "le seul domicile que je lui connais est celui du Var".

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