François Molins prend la tête parquet de Paris précédé de sa réputation
•Le nouveau procureur de la République à Paris, François Molins, 58 ans, a pris ses fonctions mercredi, précédé de sa réputation de très bon juriste, parquetier et chef d'équipe, mais aussi du soupçon de trop grande proximité avec le pouvoir.© 2011 AFP
Le nouveau procureur de la République à Paris, François Molins, 58 ans, a pris ses fonctions mercredi, précédé de sa réputation de très bon juriste, parquetier et chef d'équipe, mais aussi du soupçon de trop grande proximité avec le pouvoir.
Juste avant de prendre la tête du parquet de Paris, où il a été installé officiellement mercredi, M. Molins était depuis 2009 directeur de cabinet du ministre de la Justice, d'abord sous Michèle Alliot-Marie, puis Michel Mercier.
Ce passage sans transition de la Chancellerie à un des postes les plus sensibles de la magistrature a provoqué un tollé, syndicats et opposition y voyant une volonté de l'exécutif de verrouiller les affaires sensibles.
"La polémique, c'est peut-être tout simplement le signe tangible de toutes les tensions qu'il y a autour de la justice", déclarait-il récemment à l'AFP. "Ensuite, lorsqu'on accède à des postes comme celui-là, je pense qu'il faut faire ses preuves comme magistrat, comme chef de parquet...".
Natif des Pyrénées-Orientales dont il a gardé l'accent, licencié en Droit et sorti de l'Ecole nationale de la magistrature (ENM) en 1979, François Molins a mené l'essentiel de sa carrière au sein ou à la tête de plusieurs parquets, à Carcassonne, Montbrison, Villefranche-sur-Saône, Angers, Bastia, Lyon...
Après un passage à la Direction des affaires criminelles et des grâces (DACG) de la Chancellerie, il a retrouvé le terrain en 2004 comme procureur à Bobigny, deuxième TGI de France, où il est resté près de cinq ans.
Il a laissé là-bas un très bon souvenir.
"Grand procureur, proche de ses troupes, ayant une grande maîtrise de la procédure pénale", selon un ancien greffier.
Le maire PCF de Bobigny, Catherine Peyge, rappelle qu'il a "instauré les réunions maires-parquet" et s'est montré "très attentif aux violences faites aux femmes, à la lutte contre le travail au noir...". Jean-Pierre Rosenczveig, président du tribunal pour enfants, l'a trouvé "humain, ouvert, essayant de convaincre, ne passant pas en force", bien qu'il ait "la réputation d'être colérique".
Passionné d'alpinisme, il emmenait ses substituts "faire la Vallée Blanche". Cela resserre l'équipe, estime M. Molins, svelte et sportif, également adepte de la course à pied, du ski, du cyclisme, père de trois enfants et trois fois grand-père.
Pour lui, le parquet, c'est "une équipe de magistrats, qui appliquent une politique pénale" et "la déclinent en fonction des problèmes rencontrés et des moyens dont ils disposent".
C'est en cela qu'"il y a de l'indépendance dans le ministère public...", assure-t-il, en refusant de prendre publiquement position dans le débat sur le statut du parquet, soumis hiérarchiquement à la Chancellerie et pour lequel de nombreux procureurs réclament plus d'indépendance.
"Le métier de magistrat ne nous appartient pas, il nous dépasse et doit inciter au dépassement de soi-même...", pense François Molins, qui dit garder toujours à l'esprit une question sur laquelle ont planché des générations d'élèves magistrats : "qui t'a fait juge ?".
Matthieu Bonduelle, président du Syndicat de la magistrature (SM, gauche), lui reproche d'avoir appliqué à Bobigny "une politique pénale caricaturale", une "tolérance zéro très en phase avec les attentes du gouvernement".
François Molins souligne qu'il n'est "pas pour le tout répressif". Mais, ajoute-t-il, "je ne suis pas laxiste, j'assume".