Un chauffeur de bus jugé pour avoir écrasé une cycliste en Vélib' à Paris
Un chauffeur de bus de 39 ans comparaissait mardi soir devant le tribunal correctionnel de Paris pour avoir doublé imprudemment puis écrasé une femme de 35 ans circulant en Vélib' le 2 mai 2008 dans un couloir de bus à Paris.© 2011 AFP
Un chauffeur de bus de 39 ans comparaissait mardi soir devant le tribunal correctionnel de Paris pour avoir doublé imprudemment puis écrasé une femme de 35 ans circulant en Vélib' le 2 mai 2008 dans un couloir de bus à Paris.
Le parquet a requis contre lui un an de prison avec sursis, une amende à l'appréciation du tribunal ainsi qu'une suspension du droit de conduire un autobus pendant cinq ans.
La 10e chambre correctionnelle du tribunal devait mettre sa décision en délibéré à l'issue de l'audience.
Les faits jugés mardi se sont déroulés à proximité de la place Franz Liszt, dans le Xe arrondissement.
Le 2 mai 2008, à 17H36, sur le parcours de la ligne 43, un bus articulé de la RATP avait dépassé un Vélib' qui circulait sur une voie réservée aux seuls bus. Il avait débuté son dépassement sur la place, mais l'avait terminé dans un couloir de 3 mètres de large.
La voie étant trop étroite, le bus avait heurté l'extrémité gauche du guidon du Vélib'. Tombée sous les roues du bus, la cycliste était décédée sur le coup.
D'après l'accusation, Louis-Henri Ouvier, le conducteur, ne disposait pas de la distance d'un mètre exigée en ville pour dépasser un vélo. Il est poursuivi pour "homicide involontaire par manquement de l'obligation de prudence". Il risque trois ans de prison et 45.000 euros d'amende.
Selon plusieurs témoins, au moment des faits, la cycliste paraissait nerveuse, "elle semblait ressentir la pression du bus, qui la poussait un peu", a résumé mardi la présidente, Cécile Simon. Après l'accident, l'un d'entre eux crie au chauffeur: "T'as bien forcé, hein!"
Le chauffeur assure pourtant n'avoir jamais tenté de "forcer le passage". "Je n'avais aucune raison de me presser", s'emporte-t-il, "j'avais appelé mon régulateur, j'étais dans les temps".
"J'ai eu l'impression" que la cycliste s'était "décalée progressivement sur sa droite pour me laisser le champ libre", explique-t-il.
C'est alors qu'il la double. Seulement, la cycliste entre dans son angle mort. "Même en se penchant, dans ce bus, on ne voit pas les vélos", témoigne le prévenu. "Combien de fois on ne les voit qu'à la dernière minute!"
Mais surtout, se défend-il, "je n'aurais jamais imaginé qu'elle aurait poursuivi sur le côté. (...) J'ai été pris de court." Il dit avoir klaxonné alors, mais c'était trop tard. La chaussée était redevenue trop étroite pour que les deux véhicules roulent de front.
Au moment des faits, il travaillait comme machiniste depuis deux ans à la RATP et n'avait aucun antécédent d'infraction professionnelle. Toujours employé à la RATP, il n'y conduit plus de bus.
Cet accident mortel était le deuxième d'une personne circulant à Vélib' à Paris, depuis le lancement de ce dispositif le 15 juillet 2007. Une cycliste était déjà décédée en octobre 2007, à la suite d'un accident impliquant un camion.
Cité comme témoin par la défense, l'ancien adjoint au maire de Paris chargé du développement durable, Denis Baupin, a reconnu que la circulation des vélos aux côtés des bus et des taxis n'était pas chose facile. Mais, a questionné l'élu écologiste, "où faut-il les faire circuler? (...) En tout état de cause, il n'y a pas de réponse simple".
Les couloirs de bus de 4,50 m de large qu'il a développés durant son mandat sont à ses yeux un moindre mal: "3 m pour le bus, 50 cm pour le vélo et un mètre pour pouvoir le doubler".