Le verdict est attendu vendredi dans le procès en révision de Loïc Sécher, pour lequel l'avocat général, «intimement convaincu» que cet homme de 50 ans avait été injustement condamné pour viol, a requis l'acquittement.

Au 5e et dernier jour du procès devant la cour d'assises d'appel de Paris, la parole va être donnée une dernière fois à 10h00 à Loïc Sécher, ancien ouvrier agricole de Loire-Atlantique, qui a toujours clamé son innocence et attend que justice lui soit rendue.

Les trois magistrats et 12 jurés se retireront alors pour délibérer, avant de rendre leur décision.

«Vous êtes un type bien»

Au nom du «bien de la justice», l'avocat général, François-Louis Coste, leur a demandé jeudi de reconnaître l'erreur judiciaire dont a été victime Loïc Sécher qui, dénué de toute haine à l'égard de celle qui l'avait accablé, a étonné l'accusation comme la défense.

«Vous êtes un type bien, personne ne mérite ce qui vous est arrivé», avait ensuite dit à son client l'avocat de la défense, Me Eric Dupond-Moretti, soulignant le «caractère historique» de ce procès.

Depuis 1945, Loïc Sécher n'est que le 7e condamné aux assises à avoir obtenu une révision de son procès.

Sa victime supposée allait mal

Fin 2000, Emilie, 14 ans, en proie à un profond mal-être, l'avait accusé de lui avoir fait subir à plusieurs reprises viols et agressions sexuelles.

Avaient suivi une enquête de gendarmerie bâclée, des expertises psychiatriques aujourd'hui jugées par trop péremptoires, une instruction défaillante, des témoignages discutables, des procès tenus sous «la dictature de l'émotion», selon l'expression de Me Dupond-Moretti.

Loïc Sécher avait été condamné à 16 ans de réclusion en 2003, peine confirmée en appel l'année suivante puis en 2005 en cassation.

L'affaire semblait définitivement close. Mais en 2008, Emilie avouait avoir menti et se rétractait officiellement. En 2010, la Cour de révision ordonnait la libération de Loïc Sécher et un nouveau procès.

La défense avait déploré qu'il faille en repasser par là. Mais toutes les parties ont finalement jugé ce procès salutaire. L'avocate d'Emilie, Me Cécile de Oliveira, a parlé d'«instant de grâce» lorsque la jeune femme et Loïc Sécher se sont parlé et mutuellement souhaité de se reconstruire.