Infanticides: Dominique Cottrez explique son geste par l'inceste
La mère soupçonnée d'avoir tué huit de ses nouveaux-nés à Villers-au-Tertre ...© 2011 AFP
La mère soupçonnée d'avoir tué huit de ses nouveaux-nés à Villers-au-Tertre (Nord) affirme avoir agi par crainte que les enfants soient de son propre père, un rebondissement qui a entraîné de nouvelles auditions jeudi dans la plus grande affaire d'infanticides en France.
Dominique Cottrez, longuement entendue mercredi à Douai (Nord) par la juge d'instruction Céline Marilly, a évoqué des faits d'inceste qu'aurait commis à plusieurs reprises son père - décédé en 2007 - de l'âge de huit ans jusqu'après son mariage avec Pierre-Marie Cottrez.
Mme Cottrez, une aide-soignante aujourd'hui âgée de 46 ans, avait été mise en examen et écrouée fin juillet 2010 pour "homicides volontaires sur mineurs de moins de 15 ans". L'affaire avait provoqué l'afflux de la presse du monde entier dans son petit village nordiste.
Ces déclarations apportent un nouvel éclairage, alors que les avocats des époux Cottrez avaient estimé un temps que le déni de grossesse pouvait être avancé, comme dans l'affaire des époux Courjault qui avait défrayé la chronique en Corée du Sud en 2006.
"Si elle a tué les bébés, a-t-elle indiqué, c'est parce qu'elle ne voulait pas que les médecins s'aperçoivent qu'ils étaient de son père", selon le procureur de Douai, Eric Vaillant.
Pour lui, ces déclarations "modifient complètement le dossier", mais "même si elles paraissent crédibles, elles doivent être confirmées. Pour l'instant, il n'y a qu'elle qui dit ça", a-t-il estimé.
"On doit rester prudent parce que les analyses génétiques qui ont été réalisées sur les foetus n'accréditent pas du tout sa thèse pour l'instant", a-t-il ajouté.
Selon ces analyses, six des huit bébés sont bien du mari. Un doute subsiste sur les deux autres, faute d'ADN de qualité suffisante.
"Cette femme ne le savait pas. Elle vivait dans une terreur de la double relation sexuelle qu'elle avait avec son père et avec son mari. Elle était terrorisée à l'idée que l'un de ses enfants puisse être de son propre père", a expliqué jeudi Frank Berton, avocat de Dominique Cottrez.
Cette dernière a d'ailleurs affirmé avoir des doutes sur la paternité de la cadette des deux filles - actuellement d'une vingtaine d'années - qu'elle a élevées.
Son mari, Pierre-Marie Cottrez, s'est présenté seul jeudi au tribunal, où il a été entendu comme témoin assisté, une audition qui devait être suivie de celle de la fille aînée du couple, jeudi, puis de la cadette, vendredi.
"Je sais que son mari ne semble pas croire à cette histoire d'inceste familial", a reconnu Me Frank Berton.
Celui-ci a pourtant toujours exprimé un soutien sans faille à son épouse. "C'est une perle. (...) Je ne la quitterai jamais", avait-il dit lors d'une interview télévisée en décembre.
Dominique Cottrez a, elle, formulé "des déclarations contradictoires", a l'égard de son mari. Elle s'est étonnée auprès de la juge qu'il n'ait pas été au courant de ses grossesses, niant ensuite toute implication de sa part.
L'affaire avait démarré en juillet 2010 par la découverte de deux corps dans des sacs en plastique enfouis à l'ancien domicile des parents de Dominique Cottrez, où elle avait elle-même vécu avant son mariage.
Dominique Cottrez a affirmé devant la juge que son père les avait sans doute enterrés.
Six nouveaux corps avaient ensuite été découverts dans le garage de la maison où elle vivait avec son mari.