Jarnac, ville natale de Mitterrand, cultive sa mémoire mais veut un tourisme modeste

Jarnac, ville natale de Mitterrand, cultive sa mémoire mais veut un tourisme modeste

A Jarnac (Charente), ville natale de François Mitterrand qui ...
© 2011 AFP

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A Jarnac (Charente), ville natale de François Mitterrand qui s'apprête à célébrer samedi le 15e anniversaire de la mort du chef d'Etat, le tourisme mitterrandien se veut modeste, la mairie cultivant la mémoire du président tout en refusant la "dictature du tombeau".

"Dans cette maison est né le 26 octobre 1916 François Mitterrand. Président de la République. 1981-1995": la plaque, lapidaire, est fixée sur la façade de la bâtisse, typique des demeures bourgeoises charentaises du XIXe siècle.

Acquise par la mairie en 2005 et désormais entièrement rénovée (environ 1 million d'euros de travaux), la demeure constitue, avec l'Espace culturel François Mitterrand et le caveau où il repose depuis 1996, l'un des trois pôles de la mémoire mitterrandienne à Jarnac, explique le maire socialiste Jérôme Royer.

Samedi, alors que la quasi-totalité des caciques du PS sera à Jarnac pour l'anniversaire, le premier étage sera inauguré après plusieurs années de rénovation.

L'Espace culturel, qui emploie une personne, abrite une centaine de cadeaux reçus durant le second septennat (1988-1995) ainsi que les maquettes des grands travaux (Grande Bibliothèque, Pyramide du Louvre...)

Pour 5 euros, le visiteur a accès à l'Espace et à la maison, l'entrée du cimetière des Grand'Maisons étant libre.

En 1996, 60.000 personnes sont venues se recueillir sur la tombe de l'ancien président tandis qu'en 2006, 50.000 personnes ont visité l'Espace culturel et la maison. Depuis, la fréquentation annuelle navigue entre 8.000 et 10.000 personnes pour la maison et l'Espace, 20.000 pour le caveau.

"Cela va du curieux au militant", rapporte M. Royer qui fait état de visites "discrètes" d'ambassadeurs et de "quelques ministres africains".

Et même si des voyagistes ont inscrit Jarnac et son circuit mitterrandien à leur programme, la fréquentation reste modeste comparée aux 62.000 entrées enregistrées en 2010 par le musée Chirac qui regroupe à Sarran (Corrèze) les cadeaux officiels reçus par l'ex-chef d'Etat pendant ses deux mandats (1995-2007). La Boisserie, demeure du général de Gaulle à Colombey-les-Deux-Eglises (Haute-Marne), affiche 60.000 visiteurs par an.

Côté économie locale, la manne n'est pas non plus évidente: "ici, ce qui attire le plus, c'est le Cognac!", sourit Christian Perrin, patron du Bar de l'Union, café-restaurant du centre.

Pour Jarnac, le bénéfice semble surtout symbolique: "ça a donné un plus, la ville est connue dans toute la France à présent", estime Jérôme Royer. "Nous ne sommes ni des marchands du temple, ni pour la dictature du tombeau. Nous ne sommes pas là pour faire un mausolée", tranche l'élu.

"Je crois qu'il (Mitterrand) n'aurait pas apprécié" une structure plus imposante, comme celle du Mémorial de Gaulle en Haute-Marne, avance Georgette Blanc, présidente de l'Espace Culturel François Mitterrand. "Jarnac, c'est l'homme, le provincial, pas le politique. Sa vie politique, c'est la Nièvre (dont il fut député) et Paris", renchérit M. Royer.

"Sa maison, à mon avis, c'est plus important symboliquement qu'un mémorial, peut-être un peu artificiel", poursuit-elle, jugeant toutefois que la fréquentation serait forcément améliorée si l'accès était gratuit: "environ un tiers des visiteurs font demi-tour lorsqu'ils voient que c'est payant".

Jérôme Royer confie penser avec Michel Charasse, ancien ministre et proche parmi les proches de Mitterrand, à un circuit des villes présidentielles françaises...

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