A l'approche des fêtes, les huîtres du bassin d'Arcachon sous bonne garde

A l'approche des fêtes, les huîtres du bassin d'Arcachon sous bonne garde

"Nous surveillons le bassin en permanence mais nous intensifions ...
© 2010 AFP

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"Nous surveillons le bassin en permanence mais nous intensifions les patrouilles en novembre et décembre": à l'approche des fêtes, les huîtres d'Arcachon, de plus en plus rares et chères, sont sous l'étroite surveillance des gendarmes qui font la chasse aux voleurs.

Lundi, fin d'après-midi sur le bassin. La navette de surveillance de la brigade nautique (BN) d'Arcachon file sur l'eau. A l'avant du bateau, jumelles sur les yeux, l'adjudant Laurent Gazengel, chef de la BN, observe une barge charriant plusieurs dizaines de poches d'huîtres.

Précautionneusement, la vedette s'approche de l'embarcation. "Bonjour... Brigade nautique. Vous venez d'où?", lance le sous-officier aux deux occupants. Du banc d'huîtres "La Réousse, et on va à la Barbotière", répond Nicolas Javerneaud, ostréiculteur à Gujan-Mestras.

Le militaire note méthodiquement, relève le nom du bateau, celui de la société ainsi que la nature de la cargaison, 300 poches d'huîtres marchandes. "Si on nous signale un vol là où ils ont chargé les poches, on pourra aller les interroger", explique-t-il.

L'ostréiculteur ne trouve rien à redire à ces contrôles, au contraire: "les gendarmes se présentent souvent, ça donne confiance".

En 2004, 21 tonnes avaient été déclarées volées. Depuis, les patrouilles ont été renforcées, explique le commandant Christophe Berthelin, à la tête de la compagnie de gendarmerie d'Arcachon.

La BN quadrille régulièrement le bassin, avec une vigilance accrue à l'approche des fêtes, lors des marées critiques, celles à faible coefficient. "C'est pendant cette période que les ostréiculteurs font l'essentiel de leur chiffre d'affaires", note l'adjudant Gazengel.

"L'an passé, 18 tonnes ont été dérobées. Cette année, on en est à 3,3 tonnes", preuve que le dispositif est efficace et dissuasif, se félicite le commandant Berthelin.

Outre les patrouilles nautiques, un hélicoptère EC-135 flambant neuf survole chaque semaine les 160 km2 du bassin d'Arcachon qu'il scrute à l'aide d'un projecteur et d'une caméra thermique.

Alors que les larcins étaient régulièrement en baisse ces dernières années, 2009 "a été une année noire", concède l'adjudant Gazengel: "mauvaise ambiance" chez les producteurs, "crise de la souris" (du nom d'un test sanitaire fait sur des souris pour tester la qualité des huîtres, abandonné en janvier et à l'origine de multiples interdictions de vente d'huîtres depuis 2005), surmortalité mal expliquée, baisse des stocks...

Pour 2010, la filière (350 entreprises sur le bassin qui produisent environ 8.000 tonnes par an), écarte tout risque de pénurie. "Mais les inquiétudes que nous avions pour cette année sont accrues pour 2011", prédit le sous-officier.

Et du fait de la surmortalité et de la baisse des stocks, "l'huître devient très chère. Un produit de luxe qui suscite des convoitises", renchérit le commandant Berthelin.

Selon la gendarmerie, 95% des vols sont le fait d'ostréiculteurs qui connaissent parfaitement le terrain et possèdent l'équipement adéquat pour transporter de grandes quantité d'huîtres. En 2009, trois ont été interpellés.

"Dans chaque métier, il y a des brebis galeuses", peste Nicolas Javerneaud. Mais sur le bassin, "on se connaît tous, on est plus ou moins attentifs".

"Si on voit sur un banc" d'huîtres quelqu'un qui n'a rien à y faire, "on le signale", poursuit-il, rappelant que les gardes-jurés, des ostréiculteurs assermentés et anonymes, viennent compléter l'action des militaires.

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