Kinésiologie: les médecins aveugles à la barre

Trois médecins et aucune alerte. La cour d’assises de Quimper (Finistère), qui juge les parents de Kerywan, mort à 16 mois de malnutrition, a interrogé hier les médecins qui ont suivi l’enfant et n’ont pas exigé son hospitalisation malgré un état « extrêmement préoccupant ». Jean-Michel Rosenstein est le dernier praticien à avoir vu le garçonnet, trois mois avant sa mort. A cette époque, en août 2000, Kerywan pesait six kilos. Hier, l’homme s’est souvenu des parents, « bien habillés, avec leurs trois filles magnifiques », amenant Kerywan « tout maigre, tout jaune, ne tenant pas sa tête, les bras ballants ». A sa mort, les experts ont décelé une carence nutritionnelle « importante » suivant un régime alimentaire sans protéine animale ni supplément vitaminique. Ses parents sont adeptes de la kinésiologie, une technique américaine psycho-corporelle, accusée de dérives sectaires en France. Jean-Michel Rosestein a assuré hier qu’il était « bouleversé », prévenant les parents qu’il « fallait une hospitalisation d’urgence ». « On a déjà donné », auraient-ils répondu. « Je suis entré en compassion avec eux, pensant que cet enfant en phase terminale devait finir sa vie dans la dignité », a-t-il alors expliqué. Son confrère, Joël Dory, qui a vu l’enfant plus jeune, n’avait pas noté de « signe alarmant ». Comme le troisième médecin mis en cause, Rolande Jouanjan, qui, auscultant Kerywan à cinq semaines, avait estimé « un développement normal pour un prématuré ».