Les psys s’opposent sur le cas Brunerie

C’est la clé du procès. Maxime Brunerie était- il mentalement responsable, le 14 juillet 2002, lorsqu’il tira et rata Jacques Chirac ? Si la réponse est « non » , le jeune homme de 27 ans devrait déjà être libre ou placé en institution spécialisée. La juge d’instruction a décidé, au contraire, que sa raison n’était pas « altérée » , le renvoyant devant les assises de Paris où il comparaît depuis lundi. Pourtant, durant l’instruction, les expertises psychiatriques ont divergé. Ces discordances, on les a retrouvées inchangées, hier, à l’audience. Pour Michel Dubec, expert auprès des tribunaux, Maxime Brunerie n’est pas schizophrène. « Il a toujours fait preuve d’une perspicacité sur lui- même et sur les autres » , explique- t- il devant la cour. Certes, l’accusé est dans « dans le registre des personnalités incertaines et friables, mais n’est pas dans la maladie mentale » même si, concède Dubec, « on est à cheval » . Son confrère, Christian Gay, diagnostique absolument l’inverse. Pas de doute, Brunerie souffre d’ « une psychopathologie schizophrénique associée à un trouble dépressif sévère » . « Si la cour suit votre raisonnement, demain soir, il est libre ? » , questionne la présidente. « C’est le problème » , répond l’expert. Une perspective qui n’est pas du goût de l’avocat général, Philippe Bilger.Depuis le début du procès, lemagistrat considère Brunerie « sain d’esprit » . « Vous donnez une définition tellement vaste de la schizophrénie, qu’elle est partout » , a- t- il reproché, hier, à Christian Gay. Philippe Bilger doit prononcer son réquisitoire ce matin, suivi de la plaidoirie de la défense. Le verdict est attendu dans la soirée.