La violence fait vendre, pas l’amour
Jeudi dernier, Le Parisien augmentait son tirage de 6 % par rapport à sa moyenne annuelle. Soit 27 400 exemplaires supplémentaires. Et pour cause. En une, un titre choc : « Bandes de banlieue : la nouvelle menace ». « Un sujet vendeur », assure-t-on à la© 20 minutes
Jeudi dernier, Le Parisien augmentait son tirage de 6 % par rapport à sa moyenne annuelle. Soit 27 400 exemplaires supplémentaires. Et pour cause. En une, un titre choc : « Bandes de banlieue : la nouvelle menace ». « Un sujet vendeur », assure-t-on à la direction des ventes. Les médias l’ont compris : la « banlieue délinquante » peut rapporter gros. Depuis les années 1980, elle fait souvent l’ouverture des journaux. « C’est parce qu’elle réunit trois ingrédients majeurs, analyse Henri Boyer, socio-linguiste. L’immigration qui fait peur, la jeunesse qui fait rêver et la violence qui fait spectacle. » La cité n’est pas avare de sensationnel : rixes, tournantes, mosquées intégristes, économie parallèle... Et les sujets moins spectaculaires sur la vie quotidienne ? « Cela n’intéresse pas les journalistes, confie un reporter télé. Ils pensent que ça ne touche pas les gens. Et comme les politiques n’y prêtent pas non plus attention... » Le 9 novembre, France 3 a bien programmé Des Gens comme nous, documentaire de Françoise Davisse sur des violences policières à Saint-Denis. Mais à... une heure du matin. Tandis que le 8 juin, M 6 tentait une soirée « Filles, garçons : comment s’aimer dans les cités ? » Un flop, avec 8,2 % de parts de marché. Un espoir tout de même du côté de l’édition avec Pays de malheur : un jeune de cité écrit à un sociologue de Stéphane Beaud et Younès Amrani, paru récemment. Fait rare pour un ouvrage de sociologie, les éditions La Découverte ont lancé sa réimpression. « Preuve qu’il y a un potentiel », conclut Bruno Gendre, directeur commercial.