L'innocence coupable de Marc Machin
JUSTICE•Blanchi dans l'affaire du pont de Neuilly, il doit répondre ce mardi d'agression sexuelle...Vincent Vantighem
Selon son avocat, Marc Machin «appréhende la sanction». Comment ne le pourrait-il pas? Ce mardi après-midi, il risque d'être condamné à sept ans de prison pour «agression sexuelle». C'est exactement le temps qu'il a déjà passé derrière les barreaux pour un meurtre qu'il n'avait pas commis dans l'affaire du pont de Neuilly.
Blanchi par la Cour de révision le 12 avril 2010, ce jeune homme de 28 ans est pourtant retourné en détention provisoire, sitôt son innocence reconnue. Cela a d'ailleurs provoqué un petit esclandre sous les ors de la Cour de révision. «Il voulait embrasser son père, raconte Louis Balling, son avocat. Mais les gendarmes devaient le rembarquer tout de suite. Il s'est débattu. Il ne comprenait pas pourquoi…»
«Incapable d'accepter le refus»
Simplement parce que Marc Machin doit encore répondre d'une agression sexuelle. C'était dans le 18e arrondissement de Paris. A deux pas de chez son père. Après avoir suivi une jeune femme dans la rue, il a reconnu avoir filmé sous sa jupe à l'aide de son téléphone portable dans son hall d'immeuble. Alors qu'elle tentait de se défendre, il n'a pas hésité à la frapper. « Marc est incapable d'accepter le refus, explique Louis Balling. Il m'a dit qu'il ne l'aurait jamais agressée si elle s'était laissé faire… » Aujourd'hui, depuis sa cellule de la prison de la Santé, il commence à «réfléchir» à son acte.
«Pendant sept ans, il a clamé son innocence. Et un beau jour, on lui a dit qu'il avait raison, poursuit Louis Balling. Il est sorti comme un héros. Il a fait le tour des plateaux de télévision. Personne n'était là pour lui rappeler ses propres démons!» Si ce n'est Pascal Galodé. Basé à Saint-Malo, cet éditeur a fait le voyage jusqu'à Paris pour le rencontrer. «Son histoire m'a ému. Je lui ai proposé de faire un bouquin. La seule condition, c'était qu'il n'occulte pas les aspects les plus sombres de sa vie.» Ceux d'un enfant de la Ddass. Ceux d'un ado marginal dépendant de l'alcool et du cannabis au casier judiciaire bien garni. «Tout le monde peut faire des erreurs dans sa vie, analyse son père. Je regrette simplement qu'il n'ait jamais été soigné durant sa détention…» Aujourd'hui, Marc Machin assure qu'il voit un psy une fois par semaine. Mais ni son père, ni son avocat n'en sont vraiment persuadés.