Plus de 2,5 millions d'euros. Un joli pactole, qui vaut bien un petit séjour à l'ombre. Toni Musulin se défend d'avoir mis son butin à l'abri, mais entre la somme transportée dans le fourgon volé par le convoyeur et celle retrouvée dans le box qu'il avait loué, le compte n'y est pas. Et la justice ne compte pas laisser le bonhomme récupérer son petit bas de laine à sa sortie de prison.

«J'ai mangé des pâtes»

«Il fallait être bien orgueilleux pour affirmer que la justice allait se désintéresser des 2,5 millions d'euros», a ricané le substitut du procureur, Nicolas Hennebelle, mardi dans son réquisitoire. Le procureur Marc Désert a d'ailleurs fait appel de la condamnation, estimant que «la peine doit nécessairement tenir compte du bénéfice que l'auteur de l'infraction est susceptible de retirer».

Car avant de se rendre, Musulin a fait un périple en moto. «Je suis allé à Rome pour visiter, deux trois jours, j'ai mangé des pâtes, après j'ai visité Naples, c'est bien l'Italie», a-t-il raconté. Mais le kilométrage de son deux-roues ne colle pas avec l'itinéraire que le convoyeur a décrit aux enquêteurs. Ces derniers le soupçonnent donc d'avoir été jusqu'en Serbie, d'où sa famille est originaire et où il est en contact avec un cousin.

«Récupérer son pognon et le placer au Liechtenstein»

«Le mec s'en bat les couilles de faire un, deux ou trois ans», rigole Michel Ardouin, dit «Porte-avion», ancien associé de Mesrine, interrogé par 20minutes.fr. Pour l'heure, Musulin a déjà fait six mois de détention provisoire, et est libérable d'ici un an, grâce aux remises de peine. Pour Ardouin, habitué de la cavale et du magot caché, le convoyeur «va prendre un an de plus en appel» et pourra ensuite tranquillement «récupérer son pognon et le placer au Liechtenstein».

Encore faut-il aller chercher le butin. «On va lancer des commissions rogatoires en Italie et en Serbie», a indiqué ce mercredi une source judiciaire à l'AFP. «Ils vont le suivre à sa sortie de taule, suppose «Porte-avion», mais il sera bien capable de casser une filature.» Un scénario idyllique. Mais c'est compter sans le procureur Marc Désert, qui a déjà promis «que Musulin ne profitera pas dans la tranquillité des 2,5 millions d'euros».

«A sa sortie, il va être surveillé»

«Rien n'empêche Toni Musulin d'aller chercher son paradis à sa sortie de prison», confirme à 20minutes.fr Aurélien Chardeau, avocat au cabinet Gide à Paris. Mais le procureur pourrait ne pas être le seul à vouloir casser le rêve du convoyeur. «A sa sortie, il va être surveillé», prédit l'avocat. Selon lui, «les parties civiles pourraient mandater des détectives privés pour identifier le lieu du magot».

Sans oublier le juge d'application des peines (JAP), qui pourrait soumettre la libération conditionnelle du convoyeur au remboursement de la partie civile, selon l'avocat. «Le JAP peut aussi lui interdire de quitter le territoire», ajoute Aurélien Chadreau. Musulin aura-t-il le courage de tenir? «Une chose est sure: une fois sa peine purgée, il sera tranquille», relève l'avocat. Patience et longueur de temps, Toni.