REPORTAGEChauffeur de bus: «Travail stressant, peu de pauses, les gens qui gueulent»

Chauffeur de bus: «Travail stressant, peu de pauses, les gens qui gueulent»

REPORTAGE20minutes.fr a fait le trajet La Courneuve-Villeparisis-Mitry-le-Neuf, l'une des lignes qui a subi des caillassages ces dernières semaines...
Corentin Chauvel

Corentin Chauvel

Quinze jours après les dernières attaques qui ont touché des bus de la compagnie des Courriers d'Ile-de-France (CIF), les chauffeurs ont repris le travail la semaine dernière après plusieurs jours de retrait.

20minutes.fr a rencontré Cristian*, conducteur sur la ligne 1, qui relie La Courneuve à Villeparisis-Mitry-le-Neuf (Seine-Saint-Denis) via notamment Tremblay-en-France et Sevran où des jets de projectiles sur des bus d'une autre compagnie ont encore été recensés ce week-end.

Une ambiance «tendue»

«Il y a vraiment un malaise», lâche Cristian, la quarantaine, qui vit à Sevran depuis quinze ans. Au sein de sa compagnie de bus, l'ambiance est «tendue», certains chauffeurs ont peur, mais sont bien obligés de poursuivre le travail. «Le soir, on passe dans certains quartiers à risques, ou parfois ce sont des jeunes agressifs qui montent, on ne sait jamais à quoi s'attendre.»

Et ce ne sont pas les escortes policières, effectives seulement en fin de journée, qui vont rassurer Cristian: «Cela ne va rien régler, elles sont caillassées aussi! Et les policiers n'osent même pas riposter parce qu'ils ont peur des bavures».

Un manque de civilité permanent

Un matin de vacances scolaires comme ce mardi, c'est plus calme, mais le comportement des usagers exaspère tout de même Cristian. A un feu rouge d'Aulnay-sous-Bois, un jeune homme tape à la porte, demandant à monter. «T'as vu? Ils se permettent n'importe quoi», insiste le chauffeur. Il soupire et lui ouvre tout de même les portes.

«Qu'est-ce qu'on peut faire? Parfois, ils sont plusieurs, ils se mettent devant le bus, on est obligé de les laisser monter», déplore Cristian. Mais, selon lui, ce manque de civilité ne concerne pas uniquement les jeunes. Plus loin, à Villepinte, une dame monte avec sa poussette par l'avant du bus: «Normalement, elle n'a pas le droit. Mais je ne lui dis rien, on perd trop de temps.»

«La seule priorité des gens, c'est que leur bus soit à l'heure à leur arrêt»

Le conducteur aimerait seulement un peu plus de compréhension de la part des usagers: «Les gens sont énervés en ce moment parce qu‚il y a moins de bus. Pendant notre droit de retrait, certains ont même cru qu‚on était en grève!» Le chauffeur d'ajouter, dépité: «La seule priorité des gens, c'est que leur bus soit à l'heure à leur arrêt».

Le trajet se termine une heure plus tard à la gare RER de Villeparisis-Mitry-le-Neuf. «Travail stressant, peu de pauses, les gens qui gueulent», c'est comme cela que Cristian, sourire ironique aux lèvres, résumerait le quotidien d'un chauffeur de bus en Seine-Saint-Denis, mais, selon lui, «la vie, elle est dure pour tout le monde».

*Le prénom a été modifié