JUSTICEProcès Pasqua: Claude Guéant à la barre

Procès Pasqua: Claude Guéant à la barre

JUSTICEL'actuel secrétaire général de l'Elysée témoignait ce mardi matin au procès de l'ancien ministre de l'Intérieur...
Au palais de justice de Paris, Vincent Vantighem

Au palais de justice de Paris, Vincent Vantighem

Dire qu’il n’avait aucune envie de retourner au ministère de l’Intérieur. «Entre 1986 et 88, j’avais connu les assassinats d’Action Directe, les attentats, les prises d’otages… Ca avait suffi à mon bonheur!» Mais, pour «rendre service» à Jacques Chirac, Charles Pasqua a accepté, en 1993, de reprendre du service place Beauvau. Ce sont ces trois affaires de malversations financières présumées commises à cette période-là qui lui valent aujourd’hui de comparaître devant la cour de justice de la République (CJR).

«Amis corses»

Ce mardi matin, les douze parlementaires et les trois magistrats ont commencé à examiner la première d’entre-elles. Celle du casino d’Annemasse. Charles Pasqua aurait autorisé l’exploitation du casino par ses «amis corses» en échange de la promesse d’un pot de vin, censé financer sa campagne aux européennes de 1999. A 11h, le secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant, est venu témoigner. A l’époque des faits, il n’était «que» directeur adjoint de cabinet de Pasqua.

«J’ai côtoyé de nombreux ministres. Chacun se réserve une part de discrétion, a-t-il lâché avec ce langage ampoulé qui le caractérise. Vous savez, au sommet de l’Etat, il y a des choses qui se partagent et d’autres qui ne se partagent pas. L’essentiel, c’est de prendre la bonne décision…» Toujours bien enfoncé dans son fauteuil, le vieux lion regarde la scène d’un air impassible.

«Dossier sensible»

Lundi soir, Pasqua avait tout de même expliqué à la cour qu’il s’était servi du casino d’Annemasse pour faciliter sa politique sécuritaire en Corse. «On ne voit pas très bien le lien entre les deux», rappelle le président Le Gall, en relisant ses notes. «Il y a des choses qui peuvent vous échapper à vous comme à moi», répond Claude Guéant à la barre, à cette évocation. Le problème pour Pasqua, c’est que le dossier d’Annemasse a traîné de longues années durant dans les couloirs de la place Beauvau.

«Sur les documents, on a retrouvé des post-it où l’on pouvait lire "Dossier sensible" ou "Dynamite"», poursuit le président Le Gall tout sourire alors que les parlementaires l’entourant s’endorment. Les annotations collent en fait à la peau de deux Corses qui ont reçu l’agrément officiel: Michel Tomi et Robert Feliciagi. Lors de l’enquête des juges d’instruction, l’un des collaborateurs de Pasqua a levé un coin du voile. «Vous comprenez bien qu’il est difficile de dire au ministre que ses amis sont des voyous…» Les débats se poursuivent ce mardi après-midi.