JUSTICEC'est le temps de «l'innocence» pour Pasqua

C'est le temps de «l'innocence» pour Pasqua

JUSTICELe procès pour malversations financières de l'ancien ministre de l'Intérieur s'est ouvert lundi...
Vincent Vantighem

Vincent Vantighem

Il a passé le début d’après-midi à faire semblant de somnoler. N’ouvrant les paupières que pour admirer les dorures du plafond et dédaigner l’avocat général. Finalement vers 17h45, Charles Pasqua s’est levé de son fauteuil moelleux, a reboutonné sa veste grise et a livré à la cour de justice de la République (CJR) sa première réponse: «Je suis innocent de tous les faits qui me sont reprochés! J’espère que les débats le feront ressortir.»

Trois affaires, quinze jours de procès

Quinze jours ne seront pas de trop pour juger les trois affaires de malversations financières dont l’ancien ministre de l’Intérieur est accusé. Même si lundi Henri-Claude Le Gall, le président de la CJR, n’a pris qu’un quart d’heure pour les résumer à partir de l’ordonnance de des juges d’instruction. «Ont-ils une idée des responsabilités d’un ministre de l’Intérieur? a alors grondé Pasqua de sa voix rocailleuse. Pensez-vous que j’avais vraiment le temps de m’occuper de ça?»

Aujourd’hui âgé de 83 ans, ce pilier du gaullisme n’est pourtant plus celui qui voulait «terroriser les terroristes». Son pas est hésitant, son dos légèrement voûté. Mais, petit-fils de berger corse et fils de policier varois, il a toujours le patrimoine génétique de ces hommes qui ne cillent pas face à l’adversité. «Cela fait dix ans que je suis traîné dans la boue. Je vais enfin avoir l’occasion de m’exprimer.»

Face à lui, les parlementaires - seuls compétents pour juger les «délits de membres du gouvernement commis dans l’exercice de leurs fonctions» - ne peuvent s’empêcher d’esquisser un sourire. Le président Le Gall leur rappelle gentiment la couleur des chemises où piocher les documents, mais ils affichent la certitude de ceux qui connaissent déjà les dossiers.

«L’argent n’est pas l’étalon de vertu»

Il y a ceux de la Sofremi et d’Alstom dont les commissions auraient profité aux proches du ministre et à son fils. Et celui du casino d’Annemasse dont il se serait servi pour financer sa campagne européenne de 1999 (lire l’encadré ci-dessous). «J’ai commencé à travailler avant 16 ans. Ce n’est pas la peine de faire une grande enquête pour savoir que, dans ma famille, l’argent n’a jamais été l’étalon de la vertu et de la réussite», se défend-il. La cour de justice de la République a juste prévu quinze jours d’audiences.

CASINO

Pasqua est accusé d’avoir accordé en 1994 l’autorisation d’exploitation du casino d’Annemasse en échange d’un futur financement électoral. «C’est invraisemblable», a-t-il déjà commenté lundi.