L'heure des comptes pour Pasqua
JUSTICE•À 83 ans, l'ex-ministre de l'Intérieur est poursuivi pour «corruption»...Vincent Vantighem
A l'automne dernier, il ne s'était pas déplacé devant la première chambre civile du tribunal correctionnel de Paris. Charles Pasqua n'était alors qu'une partie civile parmi tant d'autres dans le procès Clearstream. Cet après-midi, l'ancien ministre de l'Intérieur n'aura pas le choix. C'est en tant que prévenu que la Cour de justice de la République (CJR) l'attend à l'endroit même où fut relaxé Dominique de Villepin.
>> Suivez le jugement en direct sur 20minutes.fr
A 83 ans pile, Charles Pasqua n'ose pas rêver du même sort. «Ma condamnation semble inéluctable, a-t-il lâché, la semaine dernière au Point. J'ai le sentiment que tout est réglé d'avance.» Seule compétente pour juger des membres du gouvernement « dans l'exercice de leurs fonctions » (lire l'encadré), la CJR va, pendant deux semaines, examiner trois affaires de malversations financières dans lesquelles il aurait trempé, lors de son passage, Place Beauvau.
Plus de sept millions d'euros
Entre 1993 et 1995, il aurait ainsi facilité le déménagement de la branche transport d'Alstom, autorisé l'exploitation du casino d'Annemasse par deux de ses proches et fermé les yeux sur des détournements de fonds au préjudice d'un des organismes du ministère. Les pots-de-vin (7,3 millions d'euros au total) auraient atterri sur le compte suisse de son fils, Pierre, et servi à financer sa campagne pour les européennes en 1999.
«L'ignorance dans laquelle Charles Pasqua affirme avoir été laissé de [ces] opérations financières semble peu vraisemblable», tacle ainsi l'accusation. S'il risque théoriquement dix ans de prison, Charles Pasqua reste protégé par son immunité de sénateur des Hauts-de-Seine. Quoi qu'il en soit, «je continuerai à me battre», a-t-il déjà promis.