Une histoire d'amour avec Chirac qui finit mal
RECIT•L'ancien chef de l'Etat n'a jamais pardonné à Charles Pasqua son choix de soutenir Edouard Balladur en 1995...Vincent Vantighem
La scène se déroule le 14 août 1994 au large de cette Côte d'Azur qui l'a vu naître. Charles Pasqua assiste aux commémorations du débarquement des troupes alliées en Provence et se rend compte, au détour d'un discours, qu'Edouard Balladur va perdre, quelques mois plus tard, la présidentielle au profit de Jacques Chirac.
«Ce jour-là, il a ruiné tous les efforts entrepris depuis dix ans pour accéder à la magistature suprême», raconte-il avec gouaille dans ses mémoires*. Ce jour-là, Charles Pasqua comprend d'abord qu'il a misé sur le mauvais cheval. Ensuite que Jacques Chirac ne lui pardonnera jamais.
La vengeance est un plat qui se mange froid. Quinze ans plus tard, Pasqua attribue toujours à Chirac la paternité de ses démêlés judiciaires. «Ce que je sais, c'est que mes ennuis ont commencé en 2000, a-t-il expliqué au Point, la semaine dernière. Quand j'ai laissé entendre que je serais peut-être candidat en 2002. Dès lors, on a tout fait pour m'abattre!», dit-il en visant l'ancien président de la République.
«J'accuse Chirac et Villepin»
Pilier du gaullisme, Pasqua a toujours traîné une réputation sulfureuse. Alimentée tant par son passé au sein du Service d'action civique que par ses réseaux africains. Le sénateur des Hauts-de-Seine a vu ses démêlés judiciaires se multiplier depuis un an. Condamné en appel en septembre à du sursis pour le financement illégal de sa campagne aux européennes de 1999, il a écopé d'un an ferme en octobre dernier dans l'affaire de l'Angolagate. «Je n'ai pas l'habitude de balancer, nous disait-il quelques jours après sa condamnation. Mais j'accuse Chirac et Villepin de n'avoir pas assumé leur part de responsabilité!» Trop tard. Aujourd'hui, c'est à lui qu'on demande de solder les comptes du passé.