Jacques Viguier acquitté une deuxième fois
JUSTICE•Le professeur de droit toulousain était soupçonné du meurtre de sa femme...Avec agence
Le professeur de droit toulousain Jacques Viguier a été à nouveau acquitté, samedi, du meurtre de sa femme Suzanne, disparue mystérieusement le 27 février 2000, par la cour d'assises du Tarn, à l'issue d'un procès de 3 semaines. En avril 2009, il avait déjà été acquitté par la cours d'assises de la Haute-Garonne.
Trois questions
Le jury devait répondre à trois questions: «Jacques Viguier a-t-il commis un homicide volontaire?», puis deux questions subsidiaires, «Jacques Viguier a-t-il commis des violences volontaires», et «ces violences ont-elles entraîné la mort sans intention de la donner?». «A la question 1 et 2, il a été répondu "non"», a déclaré le président de la cour d'assises Jacques Richiardi, à l'issue de six heures et demie de délibérations. Après le verdict, debout, Jacques Viguier a embrassé son avocat Jacques Levy. Il s'est ensuite approché de ses enfants et de ses proches, qu'il a serrés dans ses bras.
«Je viens de vivre 10 ans d'horreur»
L'avocat général Marc Gaubert avait requis vendredi 15 à 20 ans de réclusion criminelle contre l'accusé, estimant qu'il y était tenu par l'arrêt de renvoi pour homicide volontaire. Il avait complété son réquisitoire en disant aux jurés qu'ils pouvaient également envisager une condamnation pour coups et blessures involontaires.
Avant que les 15 jurés et magistrats de la cour d'assises du Tarn ne se retirent pour délibérer, le professeur de droit toulousain, 52 ans, vêtu d'une veste grise sur un pantalon et un pull noirs, avait fait une dernière déclaration: «Je viens de vivre 10 ans d'horreur et de chemin de croix. J'espère que ces débats (...) vous auront prouvé mon innocence. Faites que mon univers ne s'effondre pas, rendez-moi ma dignité d'homme pour les enfants et pour Susi (Suzanne)».
«Un concours Lépine de l'hypothèse»
«Ce procès, en raison de l'aveuglement et des carences de l'enquête, est devenu un concours Lépine de l'hypothèse», s'était pour sa part indigné Me Eric Dupond-Moretti en demandant que son client soit à nouveau acquitté, comme en avril 2009 à Toulouse par la cour d'assises de la Haute-Garonne.
«Personne ne vous demande d'envisager des hypothèses, ça c'est un travail qui devait se faire manches retroussées par les policiers. Ce procès est en décalage complet sur le plan méthodologique (...) L'intime conviction n'est pas un sentiment mais elle est fondée sur des preuves», avait-t-il encore lancé à l'adresse des jurés en concluant: «Cet homme paie depuis dix ans pour un crime dont il a été acquitté», lors de son premier procès. La partie civile, qui soutenait l'accusation, avait plaidé la thèse de coups et blessures ayant provoqué la mort sans intention de la donner.