15 à 20 ans de prison requis contre Jacques Viguier
JUSTICE•Le verdict est attendu samedi après-midi...B.D. avec agence
La même réquisition qu'en première instance, devant la cour d'assises de la Haute-Garonne. L'avocat général Marc Gaubert a requis ce vendredi de 15 à 20 ans de prison contre Jacques Viguier, professeur de droit toulousain jugé en appel par la cour d'assises du Tarn pour le meurtre de son épouse Suzanne, mystérieusement disparue depuis le 27 février 2000.
«Moi, j'accuse en raison d'un arrêt de renvoi qui accuse Jacques Viguier du chef d'homicide volontaire (...) Je maintiens mes réquisitions de 15 à 20 années, je n'ai pas d'éléments pour les coups et blessures involontaires ayant provoqué la mort sans intention de la donner», a-t-il déclaré.
«Homicide volontaire, involontaire ou coups et blessures, il n'y a que lui qui peut nous le dire»
«Si vous estimez qu'il n'a pas eu l'intention de donner la mort, la peine vous appartient», a-t-il dit aux jurés. «Homicide volontaire, involontaire ou coups et blessures, il n'y a que lui qui peut nous le dire», a insisté Marc Gaubert en faisant référence à l'accusé. Ce dernier n'a pas réagi à l'énoncé du réquisitoire, prostré dans le box des accusés, entre ses deux avocats.
L'avocat général a appelé les jurés à se méfier «des leurres» semés par la défense et a souligné qu'ils pouvaient condamner Jacques Viguier malgré «l'absence de cadavre, d'aveux ou de témoin qui l'a vu agir». Il a écarté catégoriquement toutes les autres pistes, notamment celle menant à l'amant de Suzanne, Olivier Durandet. «Durandet assassin? Durandet, s'il devait tuer quelqu'un, c'est Jacques Viguier.»
Dans son réquisitoire, Marc Gaubert a également dit aux jurés de prendre en considération le chef de coups et blessures involontaires provoquant la mort sans intention de tuer, ce qu'avaient plaidé les avocats des parties civiles pour expliquer comment Jacques Viguier aurait tué sa femme. «La question qui se pose est : "L'a-t-il tuée volontairement, involontairement ou par accident"», a résumé Me Guy Debuisson, un des avocats des soeurs de Suzanne.
Un geste fatidique qu'il n' a pas voulu commettre
Pour lui, Jacques Viguier ne voulait pas divorcer et a «dégoupillé» lors d'une énième dispute avec son épouse qui avait pris rendez-vous le lendemain pour entamer une procédure de divorce. «C'est une dispute conjugale qui se termine malheureusement par un geste fatidique qu'il n'a pas voulu commettre», a-t-il estimé.
Francis Szpiner, l'autre avocat des soeurs de Susi, «ne pense pas qu'il ait tué volontairement Suzanne Viguier, (...) ce crime il ne l'a pas prémédité». «Il fait le choix de se débarrasser du corps et improvise, croit savoir l'avocat, puis il commet un certain nombre d'erreurs». Acquitté lors du premier procès en avril 2009, Jacques Viguier a fait neuf mois de détention provisoire de mai 2000 à février 2001.
Verdict samedi
Au sujet des enfants, émouvants lors de leur témoignage jeudi, Francis Szpiner cite Albert Camus: «Ils ont choisi leur père plus que la justice.» La veille, les avocats des enfants du couple Viguier et de la mère de Suzanne, également constitués partie civile mais sans appuyer l'accusation, avaient, sans en prononcer le mot, demandé l'acquittement.
«C'est dans les dictatures qu'on condamne des gens en imaginant ce qu'ils ont fait (...) ici on n'amène aucune preuve» a rétorqué ce vendredi soir le premier avocat de la défense à plaider, Maître Jacques Levy. «Le seul élément nouveau, c'est qu'on a essayé de suborner un témoin et qu'un témoin a fait un faux témoignage à l'audience», s'est emporté l'avocat, mettant en cause Olivier Durandet.
Samedi, dernier jour du procès qui a commencé le 1er mars, Maître Eric Dupond-Moretti, avocat de la défense, doit plaider. Puis le verdict sera annoncé au mieux dans l'après-midi.