Un homme «à l'intelligence supérieure à la normale», «narcissique», et qui «contrôle ses émotions». C'est ainsi que les experts psychologues ont décrit ce mercredi le professeur d'université Jacques Viguier, poursuivi en appel devant les assises du Tarn pour le meurtre de son épouse.

Pour le docteur Alain Penin, qui a réalisé par deux fois l'expertise psychologique de l'agrégé de droit toulousain, Jacques Viguier est le symbole d'une «réussite parfaite et totale d'une éducation» qui se termine par un «parcours universitaire brillant». «C'est un homme à la pensée intellectuelle supérieure à la normale», a-t-il affirmé. Et cette intelligence «est utilisée à titre défensif pour maîtriser ses affects et émotions», a noté l'expert. «Il a un mécanisme intellectuel de rationalisation qui lui permet de tenir à distance l'affect par le raisonnement», a-t-il estimé.

«Narcissisme exacerbé»

L'expert a également souligné, comme ses confrères, «le narcissisme exacerbé» de Jacques Viguier, portant «de l'intérêt pour son image» et sûr de «sa puissance et son charisme». «La seule chose que Jacques Viguier a manqué dans sa vie est sa relation conjugale», a estimé Alain Penin: «Peut-être ne l'a-t-il pas toléré», a-t-il dit. Selon lui, «la détermination de son épouse à divorcer a amené des éléments émotionnels susceptibles de le conduire à un débordement».

L'avocat de la défense, Eric Dupond-Moretti, s'est insurgé des «interprétations» qui pourraient être faites de cette analyse, mais un expert psychiatre, le docteur Michel Dubec, auquel il a été demandé d'étudier les hypothèses d'une possible culpabilité de Jacques Viguier, est venu confirmer les dires de son confrère. Selon Michel Dubec, «un assassinat à froid est exclu».

Pour Me Francis Szpiner, avocat d'une des parties civiles: «Viguier est comme chacun d'entre nous capable de se mettre en colère, et dans ce couple il y a une tension qui dure depuis des mois où Viguier prend sur lui. Je pense que ce matin-là, il a craqué», a-t-il indiqué.

La bipolarité de Viguier pour expliquer son apathie

Catherine Hovespian, autre experte psychologue, a fait part de son étonnement devant «les fades affects exprimés sur le deuil» de sa femme. Elle a trouvé Jacques Viguier «plus préoccupé par les conséquences de la disparition de son épouse que par la disparition elle-même», fin février 2000.

Les experts psychiatres ont indiqué également que Jacques Viguier souffre depuis 2003 de «bipolarité», «des troubles dépressifs suivis d'épisodes à l'humeur plus exaltée», pour lesquels il suit un traitement médical. «Je défends un homme qui ne se défend pas ou mal, et qui est à côté de la plaque», a dit Me Dupond-Moretti pour appuyer les dires de l'experte et tenter d'expliquer l'apathie de Jacques Viguier durant les audiences.