Procès Viguier: Duel entre le responsable de l'enquête et la défense
JUSTICE•Le commissaire Robert Saby est convaincu de la culpabilité de l'universitaire...C.C. avec agence
Après le duel au sommet lundi entre Jacques Viguier et l'amant de sa femme, Olivier Durandet, c'était au tour du commissaire Robert Saby, responsable de l'enquête policière, d'affronter la défense de l'universitaire ce mardi devant la cour d'assises du Tarn, à Albi.
Des méthodes et des conclusions contestées
Et chaque camp est resté sur ses positions. Robert Saby s'est dit convaincu que Jacques Viguier avait tué sa femme Suzanne le 27 février 2000, tandis que la défense a riposté en dénonçant ses méthodes et ses conclusions.
Jacques Viguier «ne nous a donné aucune piste, il ne nous a demandé aucune investigation, comme l'aurait fait n'importe quelle victime de la disparition de son épouse (...) En général, les proches se livrent totalement pour que des pistes puissent émerger», a déclaré le directeur adjoint de la division criminelle du SRPJ de Toulouse à l'époque des faits, dénonçant le manque de collaboration du clan Viguier.
Une garde à vue de 40 heures
Le commissaire Saby, dont le travail est critiqué par la défense depuis le début du procès, reconnaît avoir essayé d'obtenir des aveux de la part de Jacques Viguier pendant sa garde à vue, qui a duré 40 heures.
«Je n'ai pas tué Susi», a répondu Jacques Viguier à Robert Saby qui pense que le professeur de droit toulousain a tué sa femme à la suite d'une altercation. S'il ne guide pas les enquêteurs, c'est que Jacques Viguier «considère que la police examine toutes les pistes».
La défense charge Olivier Durandet
La défense estime que l'hypothèse de l'homicide involontaire du policier ne tient pas la route, faute de «certitudes absolues». Maître Jacques Levy, l'un des avocats de Jacques Viguier, dénonce une enquête focalisée sur son client alors que, selon lui, la dernière personne à avoir vue Suzanne Viguier vivante est Olivier Durandet, son amant, qui l'a raccompagnée chez elle le 27 février 2000 à 4h30.
Mais le commissaire Saby replonge dans l'enquête et déclare voir l'universitaire «pris de troubles inexplicables et inexpliqués» quand un policier retire la housse du canapé-lit où dormait sa femme, sans le matelas que l'accusé admettra avoir jeté.
«Je me rends compte que j'ai fait une bêtise»
«A ce moment-là, je me sens suspect et je me rends compte que j'ai fait une bêtise, je me sens entouré de gens qui me pensent suspect», se défend Jacques Viguier, prié de réagir par le président de la cour d'assises, Jacques Richiardi. «Pas du tout, on ne le suspecte pas à ce moment-là, le matelas peut être ailleurs (dans la maison)», réplique le commissaire.
Jacques Viguier, professeur agrégé de droit public, qui a fait 9 mois de détention provisoire de mai 2000 à février 2001, a été acquitté en première instance devant les assises de la Haute-Garonne à Toulouse. Le verdict est attendu samedi après-midi.