JUSTICELa mort, une évasion définitive pour treiber

La mort, une évasion définitive pour treiber

JUSTICELe seul accusé du meurtre de Katia Lherbier et Géraldine Giraud s'est pendu en prison...
Ingrid Gallou

Ingrid Gallou

«'en ai marre d'être pris pour un assassin et privé de ceux qui me sont chers. JP.» Quelques mots seulement en guise d'explication pour un geste lourd de conséquences. Jean-Pierre Treiber, l'unique accusé du meurtre de Katia Lherbier et Géraldine Giraud, s'est pendu à l'aide de son drap, samedi matin entre deux rondes, dans sa cellule de Fleury-Mérogis.

Un suicide en forme de défi à la justice, puisqu'il met fin à l'action judiciaire et annule, de fait, le procès prévu dans deux mois. Seuls quatre de ses complices présumés restent mis en examen pour recel de malfaiteurs, soupçonnés d'avoir aidé le fugitif au cours de ses deux mois et demi de cavale.

«Furieux et effondré»

Colère des familles, et en premier lieu de Roland Giraud, «furieux et effondré», qui met en cause l'administration pénitentiaire. Colère également de la famille de Jean-Pierre Treiber, qui a pris connaissance de sa mort par la presse. Un suicide en forme d'aveu pour Roland Giraud, qui accuse: «Treiber s'est puni lui-même.» Même conclusion pour l'avocat de la famille ­Giraud, Me Francis Szpiner, «Treiber, par ce suicide, a avoué».

Au lendemain du suicide de l'ex-fugitif le plus recherché de France, qui avait ridiculisé les administrations pénitentiaire et policière lors de son évasion dans un carton le 8 septembre dernier, puis lors de sa cavale rocambolesque, une question demeure: comment Jean-Pierre Treiber a-t-il pu mettre fin à ses jours?

Pas de kit anti-suicide

Certes, l'ex-fugitif, seul en cellule dans un quartier d'isolement, faisait partie des détenus particulièrement surveillés, mais il ne relevait pas de la population carcérale «à risques». Il avait pourtant déclaré à son avocat, Me Eric Dupond-Moretti, à la suite de son évasion: «C'était ça ou je m'accrochais.» Il n'y avait pas de kit anti-suicide avec draps et pyjamas en papier dans sa cellule, et pour cause: selon le syndicat de surveillants Ufap, démenti par la Chancellerie, les kits, lancés très médiatiquement cet été, n'étaient pas encore arrivés à Fleury-Mérogis.

L'autopsie du corps de Jean-Pierre Treiber, réalisée dimanche à l'hôpital d'Evry (Essonne), a confirmé la mort par asphyxie et le suicide par pendaison, a indiqué le parquet. Celui que l'on avait surnommé l'homme des bois vient ainsi alimenter le triste record européen des suicides en prison que détient l'Hexagone. Depuis le début de l'année, dix-huit détenus ont mis fin à leurs jours en cellule, soit un suicide commis tous les trois jours.