REPORTAGE«Les profs ont raison: il n’y a pas de sécurité dans le lycée»

«Les profs ont raison: il n’y a pas de sécurité dans le lycée»

REPORTAGELes professeurs du lycée Guillaume Apollinaire, à Thiais, font valoir depuis mardi matin leur droit de retrait, après l'agression d'un de leurs élèves, lundi, dans le gymnase de l'établissement...
Bérénice Dubuc

Bérénice Dubuc

Ce mardi matin, la rue du Pavé de Grignon à Thiais est calme. De nombreuses patrouilles de police circulent et une équipe mobile de sécurité (EMS) de l’académie de Créteil fait le pied de grue devant le lycée Guillaume Apollinaire, où un élève de 17 ans a été agressé lundi par six personnes masquées.

Aux entrées du lycée, plusieurs caméras et une affiche jaune précisant «établissement sous vidéosurveillance», qui n’ont pu empêcher l’agression qui a «profondément choqué» professeurs et élèves. Les cours ont d’ailleurs été annulés ce mardi, les professeurs ayant voté leur droit de retrait.

Règlement de comptes?

Quelques jeunes attendent, en groupe, pour savoir s’il y aura cours mercredi. Sandra, Katy, Kenza, Lara et Jessy devaient avoir contrôle de maths ce mardi, et, en attendant de savoir s’il sera reporté à demain, elles discutent de ce qui s’est passé lundi. Pour elles, c’est un règlement de compte: «Celui qui a été agressé est en première STG. Il est souvent dans les embrouilles entre Grignon (une cité de Thiais, face au lycée, ndr) et Gabriel (une cité de Choisy-le-Roi, la ville voisine, ndr).» Cependant, elles sont inquiètes que «n’importe qui» puisse entrer dans le lycée.

«Les profs ont raison: il n’y a pas de sécurité dans le lycée. On montre seulement notre carnet de correspondance à l’entrée, mais personne ne vérifie la photo. C’est normal: on est 1.500 à passer par une petite porte, s’ils devaient tout vérifier, on serait en retard en cours tous les jours», explique Sandra, élève en terminale L. «Un mur a été érigé dans la cour du lycée pour commémorer la Chute du Mur de Berlin. Au lieu de dépenser de l'argent là-dedans, il aurait mieux valu embaucher du personnel», critique Jessy, élève en terminale ES.

Enseignants et élèves veulent continuer le mouvement

Mais elles précisent que c’est la première fois que ce genre d’événement arrive à Guillaume Apollinaire: «Avant, tout le monde rentrait, comme à Chérioux, mais plus depuis arrivée de M. Griffoul (le proviseur, ndr). Il y a des bagarres, mais c’est toujours à l’extérieur du lycée», raconte Lara.

À 11h, la réunion entre les représentants des élèves, des professeurs et de l’inspection académique se termine. Chloé et Mélanie, représentantes des élèves lors de cette réunion, expliquent que la question de la sécurité dans l’établissement a été discutée, et qu’enseignants et élèves veulent continuer le mouvement car «ça ne sert à rien de fermer le lycée pour un jour en demandant plus de sécurité, et de reprendre les cours le lendemain comme si de rien n’était».

Un surveillant pour 300 élèves

Effectivement, un peu plus d’une heure après, au sortir d’une assemblée générale, les professeurs annoncent qu’ils ont voté la poursuite de leur mouvement pour le lendemain. Marianne Boucheret, professeur d’histoire-géographie et porte-parole des professeurs du lycée, explique: «La poursuite du mouvement mercredi va nous permettre de prendre le temps de la concertation, et de définir les moyens, notamment les moyens humains, dont nous avons besoin.»

Aujourd’hui au total, le lycée compte 11 assistants éducatifs à mi-temps, soit 5 par jour en moyenne, et 1 pour 300 élèves. Un «manque criant de personnels de vie scolaire» selon les professeurs, qui ont quitté leur établissement vers 13h pour rejoindre le lycée Adolphe Chérioux, à Vitry sur Seine, et «partir solidairement à la manifestation» parisienne contre les réformes dans l'Education nationale et contre les problèmes de sécurité.