Après Vitry, y a-t-il un risque de propagation de la grogne des enseignants?
EDUCATION•Des établissements se mobilisent, sans action coordonnée au niveau national...Oriane Raffin
Depuis bientôt une semaine, les enseignants de Vitry, dans le Val-de-Marne, exercent leur droit de retrait suite à un acte de violence dans le lycée. Si ce mouvement est très médiatisé, ce n’est pourtant pas le seul établissement où les profs grognent.
Des difficultés existent dans de plus en plus d’établissements scolaires. Pour Daniel Robin, secrétaire général du Snes, contacté par 20minutes.fr, «la situation n’est pas forcément plus grave qu’auparavant, mais les difficultés sociales engendrent beaucoup d’agressivité».
En conséquence, les suppressions de postes éducatifs au profit du sécuritaire inquiètent ce responsable syndical. «Que l’on assure la sécurité oui, mais n’oublions pas que le fond du fond, c’est le traitement éducatif. Si on l’oublie, la violence s’exprimera ailleurs, dans la rue.»
Mobilisation en Seine-Saint-Denis
A Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis, les enseignants se préparent à une nouvelle journée de grève, mardi. Pour Aurélie Chassaigne, documentaliste au Lycée Le Corbusier, et membre de la CGT Educ'action 93, «ce mouvement concerne au moins une vingtaine d’établissements du département». Sans être associé aux évènements de Vitry, la jeune femme reconnaît que les difficultés «sont toutes liées à la politique menée actuellement».
«En ce moment, on reçoit le nombre de postes que les établissements auront l’an prochain. Tout le monde se rend compte des suppressions de postes ou de classes». Dans l’ensemble, c’est la diminution du nombre d’adultes dans les établissements qui inquiète les enseignants. D’où la grogne, qui gronde selon elle depuis la journée de mobilisation nationale du 21 janvier dernier.
Mais cette fois-ci, pas d’organisation nationale par les syndicats. «On se rencontre dans le département, entre établissements. On se rend compte qu’il y a le même malaise, la même colère, les mêmes problèmes, que ce soit en maternelle, primaire, collège ou lycée. Les problématiques sont les mêmes.»
«Le climat est plus lourd qu’avant»
Les initiatives se multiplient en France. A Pau, la semaine dernière, ce sont les élèves des trois grands lycées qui ont bloqué leurs établissements toute la matinée de mardi.
Pour Thierry Cadart, du syndicat Sgen Cfdt, «le climat est plus lourd qu’avant, l’ambiance plus tendue, les enseignants doivent être sur le qui-vive en permanence». En Ile-de-France notamment, il constate une accumulation des difficultés, et sent ses collègues de plus en plus inquiets.
Pourtant, peu de mobilisation nationale. «La période des vacances scolaires est peu propice à bâtir de grandes mobilisations, estime Thierry Cadart, mais nos collègues oscillent entre colère et abattement. C’est pas très bon pour le fonctionnement du système éducatif.»
Outre le manque de personnel, le responsable syndical souligne les problèmes de formation des enseignants.