Homme politique et avocat, une association explosive
POLITIQUE•Ils sont politiciens et avocats, ces deux fonctions sont-elles compatibles?...V.V. et O.R.
Après le rejet de Julien Dray par le Conseil de l’ordre des avocats, la polémique sur les politiques devenant avocats a enflé. Jean-François Copé, Noël Mamère, Frédéric Lefebvre, Dominique de Villepin ou encore Christophe Caresche, la liste d’hommes politiques accédant au barreau est longue.
Jean Castelain, le bâtonnier de l’ordre des avocats de Paris se réjouit de voir la profession d'avocat s'ouvrir de plus en plus aux responsables politiques. «A Paris, sur 22.000 avocats inscrits au barreau, il y a 80 hommes politiques. Ça ne constitue pas exactement une invasion», a déclaré Jean Castelain, interrogé lors des voeux à la presse des avocats.
Christophe Caresche, député PS de Paris a prêté serment en septembre dernier. Pour lui aussi, cela reste «une démarche assez exceptionnelle. Ça reste très mesuré chez les politiques. Et ça a toujours existé (Claude Evin, Jacques Floch….)»
«Les politiques peuvent apporter leurs carnets d’adresse»
Pour lui, c’est aussi une façon de se reconvertir: «Dans l’hypothèse où je ne serai pas reconduit député en 2012, je me mets dans les meilleures dispositions. Aujourd’hui, je n’ai pas encore plaidé. Je cherche des clients. J’en ai trouvé deux, dans le domaine privé. De toute façon, la loi m’interdit de plaider contre l’Etat, une autorité publique ou une collectivité.»
Son partenaire, l’avocat Denis Hubert, contacté par 20minutes.fr, estime qu’«il y avait plus d’avocats députés avant la création de l’ENA. Et personne ne s’en souciait.» Au contraire, ils apportent un plus aux cabinets: «Notre profession ne peut pas faire de démarchage, de publicité. Les politiques peuvent apporter leurs carnets d’adresse et leurs réseaux.»
Arnaud Montebourg, ancien avocat, reste lui plus mesuré. Contacté par 20minutes.fr, il explique: «J’ai arrêté mon activité quand j’ai commencé la politique. J’ai fait ça pendant huit ans. Il y a un moment, ça doit s’arrêter. Ce n’est plus possible. Quand vous défendez quelqu’un, vos électeurs peuvent vous reprocher votre liberté de parole… »